Cette fois, elle va vraiment échapper au milieu qui fut le sien en devenant journaliste et grande reporter. Elle le sera pendant plus de quinze ans. Ce qui ne l’empêchera pas d’être dame de compagnie à Paris de la princesse japonaise Fusako Kitashirakawa fille de l’empereur Meiji et soeur de Taishō Tennō qui lui avait succédé. Pour les quotidiens et magazines auxquels elle collabore, Vu, Voilà, L'Intransigeant ou Paris-Soir, Lectures pour tous, Le Matin, ou encore Eve, elle parcourt l’Europe et les autres continents, Chine, Europe de l’Est, Amérique, Afrique et Moyen-Orient, en transsibérien, à bord du dirigeable Hindenburg, en avion. Elle se rendit au Japon en cargo et fit le tour du monde en goélette en 1927-1928. Elle est aux côtés de Mermoz sur un Breguet 14 de l’Aéropostale, d'ailleurs elle-même est aussi pilote. Elle s'entretient avec Lyautey au Maroc, à Madrid avec Alphonse XIII et Primo de Rivera. Elle rend visite au roi Carol en Roumanie, elle interviewe Mustafa Kemal à Ankara en 1924, Venizelos en Crète et Mussolini à Rome en 1935, Hitler à Berlin en1936, et même Nunziu Romanetti, un des derniers bandits corses.
Elle n’aura nullement à rougir des récits, de ses grands reportages ou de ses aventures face à ceux de ses pairs Albert Londres, Joseph Kessel ou Blaise Cendrars. Elle réalise des films documentaires dont Les Indiens nos frères et Promenade en Chine en 1932. Commente le Tour de France, enquête sur le trafic d’alcool pendant la Prohibition aux Etats-Unis, suit une caravane funèbre qui transporte des cadavres à dos de chameau de Perse à La Mecque. Elle parcourt la jungle indonésienne où elle rencontre une tribu de cannibales, les Toradjas, aussi surnommés les "chasseurs de têtes", vole une tête de Bouddha à Angkor que, prise de remords, elle accrochera à l'obélisque de la Place de la Concorde....
Elle crée et dirige une revue d'avant-garde Jazz, avec le réalisateur Carlo Rim comme rédacteur en chef. En 1923, son premier roman, Simplement, paraît chez Flammarion. Le second, La Bête cabrée, paru en 1925, dessine en quelque sorte la destinée de son auteur. Elle avait commencé par des contes et composé une opérette. Elle est l'auteur de nombreux ouvrages de voyages et d'exploration, ses livres étaient traduits dans le monde entier et l'une de ses œuvres principales, Une femme chez les chasseurs de têtes, est rééditée en 2016, accompagnée d'un inédit, Mes mémoires de reporter, le récit de sa vie d'aventurière paru à l'origine sous forme de feuilleton dans le magazine Vu en décembre 1937 et janvier 1938. Elle fut l’amie de Jean Cocteau, de Man Ray qui la photographie, de Marie Laurencin et rencontre quelques jeunes ethnologues voyageurs érudits, comme Marcel Griaule, Michel Leiris et Paul-Émile Victor.
Avec cela élégante, coiffée à la garçonne, rebelle mais mondaine. Dans la biographie qu’il lui consacre en 1997 et rééditée en 2011, Benoît Heimermann la surnomme la "Reine du Tout-Paris". A ces années grandioses succèdent d'autres qui sont plus obscures et assez incompréhensibles. Elle est d'abord très affectée par le décès de son plus jeune frère Pierre, lieutenant de vaisseau, le 3 juillet 1940 durant le bombardement de Mers el Kébir par la Royal Navy. Elle quitte Paris pour la Côte d’Azur en 1941, commence à traduire de l'allemand La Terre-du-voleur de l’Estonien Anton Hanse Tammsaare qu’un ami éditeur lui a confié et elle demande une préface à Jean Giono.
Elle écrit des articles antisémites pour le journal La France au travail et pour Les Nouveaux Temps, elle tiendra une chronique sur les ondes de Radio Paris. A la Libération, arrêtée et soupçonnée d’espionnage, Titaÿna est incarcérée près d’un an, mais finalement elle n'est pas condamnée. Au printemps de 1946, après la mort de son mari qu'elle avait épousé en 1929, elle décide de fuir malgré l’interdiction de quitter Paris, malgré la perte de sa nationalité française et la confiscation de ses biens. Elle choisit de s'installer à San Francisco. Elle y épousera Giovanni Scopazzi, homme de lettres en vue d’origine italienne qui travaillait dans la librairie la plus prestigieuse de la ville sur Unions Square. Elle n'a jamais reparlé de sa vie antérieure mais peut-être se la rappelait-elle en énonçant ce qui résonne comme un programme "Manger du raisin à Smyrne, boire du muscat à Syracuse, rêver à Naples, goûter le marasquin à Zara, avoir chaud à Trieste, coucher sur le pont d'infâmes bateaux en Espagne, enquêter à Melilla, danser à Tanger". Elle meurt le 13 octobre 1966 dans le plus grand anonymat. Rédaction internationale En savoir plus sur cet auteur Un dernier rapport de l’ONU annonce que la hausse de la température ne pourra pas être maintenue sous la barre de 1.5° C. d’ici à 2030, comme prévu lors des accords de Paris. Ce n’est pas vraiment une surprise… Certains pays seraient même à des...