(Carte blanche) à Claude Minière, autour de la publication en poche de la traduction de "La Divine Comédie" de Dante par Danièle Robert
Par Florence Trocmé
La forme d’un esprit. – Est-ce que leurs formes matérielles influent sur le contenu des livres ? Évidemment. Evidemment dirons-nous, ou bien…silencieusement, insinueusement. Voici posé sur mon bureau le volume « Babel » de La Divine Comédie de Danièle Robert (on peut le dire ainsi, n’est-ce pas ?) C’est un lingot d’or aux reflets moirés dans la lumière oblique d’hiver, cinq heures de l’après-midi. Un « dépôt de savoir et de technique » (Denis Roche), et d’enchantements. De rêve. Il est arrivé là, il y restera. Tous les critiques se sont accordé à dire que Daniel Robert avait rendu la structure d’ensemble de l’œuvre du Florentin. Et c’est un « miracle » : de la plus petite cellule textuelle jusqu’à l’ensemble de l’organisme : la structure.
Les différentes « parties » de l’œuvre ont été publiées à des dates différentes au cours de l’avancée dramatique de son écriture par Dante, la traduction de Danièle Robert a été éditée selon trois livraisons successives par Actes-Sud, mais aujourd’hui les voici rassemblées, unies, tenues, inséparables, concentrées, rayonnantes, en un « coffret » vibrant sur la table où la main ira le prendre, l’ouvrir, le poser, le reprendre ; ou l’œil, de côté, s’assure qu’il est toujours là.
Le texte, l’idée que l’on se fait du texte, le sentiment que l’on entretient de lui en sont colorés, pondérés. C’est une forme, non un objet. C’est une clef, une petite clef pour tout l’univers, un pain de chaque jour. C’est de la physique.
Claude Minière
Dante Alighieri, La Divine Comédie, collection BABEL, Actes-Sud, 916 pages, 13,50 euros.