L’attachée de presse de M. Joron m’a fait parvenir ce livre. J’ai bien aimé la couverture. J’ai commencé à le lire, à plonger dans l’univers d’Alexandre Néron. Son enfance s’est construite avec son cousin Zombi dans un contexte extrêmement violent sur une île qui pourrait être la Réunion, la Guadeloupe ou la Martinique...
L’essentiel du roman se passe dans la Prison de la folie. Alexandre Néron y est incarcéré et il essaie de trouver sa place dans cet univers ultra violent où des gangs sévissent et se répartissent des espaces sur lequel ils exercent un pouvoir absolu. Il y retrouve Zombi. Ces gangs sont une reproduction de l’organisation de réseaux mafieux opérant dans une île qui s’apparente plus à la Réunion. Le clivage entre les bandes de quartiers se bâtissent derrière des politiciens d’obédience communiste ou de droite. Qui connaît l’ancrage des communistes avec la famille Verges à la Réunion ne doutera de la localisation de ce roman sur ce territoire d'Outremer Français. Alexandre fait ses gammes dans cette prison, gravit les échelons dans une team sous la férule du bien nommé Louis Brutus a.k.a Ti Boss qui a ses connexions à la mairie.
Mickaël Joron décrit un univers extrêmement violent. La montée en puissance du criminel néronien est décrite par une plume qui semble en connaître long sur certaines psychopathies. C’est surtout une vision peu idyllique de ce qu’il appelle le monde créole et certaines îles, loin de la France. L’univers carcéral que brosse Mickaël Joron peut faire penser aux images des prisons nord américaines. Le lecteur se posera forcément la question de la véracité du contexte décrit. Il, elle cherchera, il, elle trouvera plus d’informations sur ces dites mafias créoles.
"Je vous explique. Sur notre île vous avez 24 communes, pour chacune d'entre-elles vous avez 48 caïds ou chefs de gangs. Tous répartis équitablement dans les deux principaux camps politiques, la droite conservatrice et la gauche communiste. [...] Les politiciens créoles ont toujours donné du pouvoir, du crédit, un statut, aux grandes figures du banditisme insulaire et de sa diaspora." p.24
Parlons de l’écriture. Je pense que l’écrivain réunionnais a voulu poser une forme d’écriture au plus près de l’univers d’Alexandre Néron. Mais, il y a un souci : Le travail de l’éditeur qui a laissé passer des erreurs grossières. Certaines conjugaisons assez simples, certains accords non corrigés qui fragilisent le projet littéraire de Mickaël Joron. On se demande si Edilivre fait relire certains ouvrages. Cependant, l'écrivain nous réserve une surprise, une autre approche du texte au moment où on termine la lecture. Une bonne idée à découvrir.
Mickaël Joron, Mafia Créole - Psyché d'un criminel néronienEditions Edilivre, 2018, 85 pages