Scholastique Mukasonga revient en ces pages sur son parcours, et sur l'obtention de ce diplôme qui n'a pas été sans poser des problèmes, mais qui, paradoxalement, lui a sauvé la vie. Son père l'encourage en effet à travailler en vue d'obtenir le certificat pour devenir assistante sociale. Elle atteindra ainsi un niveau d'études qui devrait l'abstraire de cette catégorisation entre tutsi et hutu. Seulement trouver des postes s'avère difficile pour une tutsi, la jeune femme devra s'exiler au Burundi, à Djibouti puis en France.
"Cosmas, mon père, je peux dire que je lui dois deux fois la vie. D'abord, c'est mon père, mais c'est lui aussi qui m'a encouragée à aller à l'école, moi qui, petite fille, préférais trottiner accrochée au pagne de ma mère (...) C'est grâce à lui que le français, qu'il ne connaissait pas, est devenu pour moi cette seconde langue qui fut mon passeport et mon sauveur. Mon père s'était juré de sauver au moins un de ses enfants par l'école, et il ne s'est pas trompé. "
Avec retenue et tact, elle évoque ainsi ce massacre qui a tué trente-sept membres de sa famille mais l'a épargnée, et ce parce qu'elle a suivi les conseils de son père et a fait des études qui l'ont éloignée de son pays en 1994. Des années après, elle revient sur les lieux du massacre, et ces moments, peut-être les plus beaux du roman, sont chargés en émotion.
Un beau témoignage très sensible.