Le cadeau (Das Geschenk)
Auteur : Sebastian Fitzek
Traduit de l’allemand par Céline Maurice
Éditions : L’Archipel (4 mars 2021)
ISBN : 978-2809841220
350 pages
Quatrième de couverture
Arrêté à un feu à Berlin, Milan Berg aperçoit sur le siège arrière d'une voiture une ado terrorisée qui plaque une feuille de papier contre la vitre. Un appel au secours ? Milan ne peut en être certain : il est analphabète. Mais il sent que la jeune fille est en danger de mort.
Mon avis
Lorsque je lis Sebastian Fitzek, je sais que je vais être à fond dans l’histoire, qu’il va sans doute me retourner comme une crêpe, me faire trembler et me surprendre. Son écriture est fluide, efficace, ses intrigues originales se tiennent globalement, ses personnages sortent de l’ordinaire et l’ensemble donne des romans où l’on tourne les pages sans reprendre son souffle.
Milan souffre d’alexie (trouble de la lecture dû à une atteinte du système nerveux central), les lettres sont pour lui des hiéroglyphes, elles ne représentent rien, il ne les reconnaît pas et ne peut rien repérer dans les écrits, les titres, les mots de la vie de tous les jours. Bien sûr, il n’a pas le permis et fait ses déplacements en vélo. Il a également une excellente mémoire visuelle ce qui lui permet de compenser, en partie, ses problèmes de lecture. Stratège, il a réussi à cacher ce handicap à son amoureuse qu’il a rencontré dans des circonstances très particulières. Lorsqu’elle lui demande de rentrer une adresse dans le GPS ou autre chose où la lecture intervient, il se débrouille pour trouver un moyen détourné pour biaiser. Cela l’oblige à être sans arrêt sur le qui-vive et cela dégénère parfois en crises d’angoisse. Leur couple bât un peu de l’aile mais ils sont décidés à se faire aider.
Un jour, alors qu’il circule à bicyclette, il croise le regard d’une jeune fille assise à l’arrière d’une voiture. Ce qui l’intrigue, c’est qu’elle tient un papier sur lequel est écrit …. bien entendu, il est incapable de le savoir ! Mais ce dont il est sûr c’est que cette gamine semblait apeurée, malheureuse et que son geste avait tout d’un appel au secours. Que faire ? Milan ne peut pas supporter l’idée de laisser quelqu’un en souffrance et il va mener l’enquête, parfois seul, parfois avec l’aide de sa compagne. Ce qu’il n’imagine pas, et le lecteur non plus, c’est que ses investigations vont l’entraîner loin très loin, au plus profond de son histoire personnelle et que cela va le bouleverser.
Plusieurs thématiques (dont tous les soucis liés à l’alexie) sont abordées mais une, en particulier, est développée par l’auteur, et il le fait avec intelligence. Une personne psychopathe, porteuse de troubles de la personnalité, capable de violence, va-t-elle transmettre cet état de faits dans les gênes de sa descendance ?
« Ou est-ce que le mal est enfoui en chacun de nous et que nous le maîtrisons que grâce à notre éducation ? » « Est-ce que tu penses que la méchanceté est une chose qui se transmet de génération en génération ? » (page 147)
J’ai trouvé intéressant de parler de l’influence de la médecine, de la recherche, des essais médicaux, de l’éducation, sur le comportement des personnes, d’explorer la piste de la recherche de la vérité (est-il bon de tout savoir ?).
Sebastian Fitzek excelle dans l’art de la manipulation autant pour ses protagonistes que pour ses lecteurs. Il nous berne, nous sort une révélation surprise et paf, on est face à une autre éventualité. C’est diablement bien fait et on se demande où il va chercher tout ça (il donne quelques explications en fin d’ouvrage).
Les chapitres courts maintiennent un rythme rapide, ils sont accompagnés de rebondissements, de revirements de situation et on reste en haleine, en attente de la suite. Le phrasé plaisant (merci à la traductrice), accrocheur, donne envie de tourner les pages de plus en plus vite pour connaître les événements à venir jusqu’aux révélations finales.
C’est une lecture rapide, sans prise de tête, qui m’a permis de passer un bon moment. Quelques situations sont un peu tirées par les cheveux, un peu surréalistes mais ça ne dessert pas l’ensemble qui reste « prenant ». L’auteur maîtrise parfaitement les codes du thriller : on a peur, on s’attend à tout, et il réussit à nous surprendre. Que demander de plus ?