[Critique] UN FLIC À LA MATERNELLE

Par Onrembobine @OnRembobinefr

[Critique] UN FLIC À LA MATERNELLE

Titre original : Kindergarten Cop

Note:

Origine : États-Unis

Réalisateur : Ivan Reitman

Distribution : Arnold Schwarzenegger, Pamela Reed, Penelope Ann Miller, Linda Hunt, Richard Tyson, Carroll Baker…

Genre : Action/Comédie

Durée : 1h51

Date de sortie : 13 février 1991

Le Pitch :

L’inspecteur John Kimble est enfin parvenu à arrêter Cullen Crisp, un redoutable trafiquant de drogue. Crisp dont l’ex-femme, qui aurait fuit avec l’argent de la drogue, fait l’objet de dangereuses convoitises. Au point d’encourager Kimble et Phoebe O’Hara, sa nouvelle partenaire, à faire le déplacement jusqu’en Oregon, où elle se serait installée avec son petit garçon. Alors que le plan initial prévoyait que Phoebe allait se faire passer pour une institutrice dans une école maternelle afin de se rapprocher de l’ex-femme de Crisp, elle-même enseignante, un coup du sort contraint Kimble à endosser ce rôle. Pour lui, les choses commencent alors à sérieusement se compliquer…

La Critique d’Un Filc à la Maternelle :

Bien évidemment célèbre pour le remarquable travail qu’il a effectué sur S.O.S. Fantômes, Ivan Reitman restera aussi dans l’histoire du septième-art comme celui qui accompagna Arnold Schwarzenegger vers d’autres cieux alors que celui-ci rêvait de s’essayer à la comédie. C’est en 1988 que les deux hommes se retrouvent pour mettre en boite le sympathique Jumeaux, avec également Danny De Vito et Kelly Preston, avant de décider d’à nouveau collaborer, sous l’impulsion d’Arnold, sur Un Flic à la Maternelle qui devait alors définitivement confirmer le talent comique du chêne autrichien. Une production de prime abord plutôt anecdotique qui a pourtant fini par en effet s’imposer comme la meilleure comédie de la filmographie de Schwarzie, mais aussi comme l’un des meilleurs films de Reitman et tant qu’on y est du début des années 90. Une vraie production populaire et généreuse, dont l’un des tours de force fut en son temps de se situer mine de rien à l’exact mi-chemin entre les trips bourrin d’Arnold, style Commando et compagnie et la pure comédie familiale parfaite pour les dimanches après-midi canapé.

Arnold fait ses classes

Ici, l’acteur ne cherche en rien à casser son image de gros balèze bien badass. Au contraire même tant le personnage de John Kimble, surtout au début vous l’aurez compris, avant que les enfants ne viennent réveiller l’agneau qui sommeille dans ce corps de grizzli, s’inscrit dans la grande tradition des héros incarnés jusqu’alors par l’acteur. Un type qui n’y va pas par quatre chemins. Une sorte d’inspecteur Harry qui tire avant de parler et qui n’hésite jamais à foncer dans le tas quand les circonstances l’exigent. Les premières scènes vont ainsi parfaitement dans ce sens : Kimble qui déboule dans un club crasseux pour débusquer un témoin clé (« je viens mettre un peu d’ambiance », « la prochaine fois, c’est moi qui invite », soit deux répliques balancées par Kimble avec une coolitude extrême alors qu’il ravage l’endroit. La scène est par ailleurs inspirée du Marginal, avec Jean-Paul Belmondo), Kimble qui cuisine le bad guy, Kimble qui fait tout le temps la gueule avec son imper et sa barbe d’une semaine, Kimble qui fait peur à un gamin dans l’avion parce que ce dernier tape dans son siège, etc… Tout le début du long-métrage est censé nous montrer à quel point le mec n’est pas là pour enfiler des perles. Une longue introduction délectable visant à bien souligner le caractère atypique, voire farfelu de la suite, quand Kimble le super flic super violent doit totalement se métamorphoser pour jouer à l’instituteur de maternelle pour une bande de gamins incontrôlables. Une narration aussi simple qu’efficace qui permet à Arnold d’opérer la transition entre l’action pure et la gaudriole dans un seul et même film, alors même que son personnage reste finalement l’un de ceux qui s’avèrent le plus proche de lui. Et pas uniquement car les deux ont des origines autrichiennes.

Back to school

Pas étonnant qu’Un Flic à la maternelle soit souvent cité par Schwarzenegger quand on lui demande quel est le film qu’il préfère dans toute sa carrière. Ivan Reitman ayant réussi à parfaitement prendre en compte tout ce qui caractérisait le mythe Arnold, en lui proposant un nouveau défi qu’il était totalement capable de relever. La sensibilité de l’ancien culturiste permettant à son personnage de gros dur de gagner en nuance quand bien même jamais le film n’hésite à osciller entre l’action bien rentre-dedans et la comédie plus loufoque. Et ce sans perdre de son équilibre. Ce qui est d’autant plus admirable.

En cela, l’apport de l’excellente Pamela Reed s’avère inestimable. L’actrice incarnant ici le contre-poids purement comique de John Kimble tout en faisant office de parfaite partenaire quand les circonstances l’exigent. Le duo fonctionne à merveille et permet au film d’effleurer les codes du buddy movie sans toutefois totalement s’y réfugier. Rajoutons à cela un parfait méchant, campé par le trop rare et génial Richard Tyson et une romance qui, ô miracle, fonctionne très bien et on peut alors affirmer qu’Un Flic à la maternelle réussit sur tous les plans. Un film remarquablement rythmé, aussi drôle que palpitant, à la croisée de genres parfaitement compris, plus audacieux et original qu’on ne pourrait le penser de prime abord et ainsi furieusement jubilatoire.

En Bref…

Exactement à mi-chemin entre le film d’action et la comédie, Un Flic à la maternelle est sans aucun doute l’un des plus grands coups d’éclat d’Arnold Schwarzenegger. Un acteur en pleine possession de ses moyens, qui prend une somme considérable de risques sans jamais renier l’image que le public a de lui. Une image avec laquelle il s’amuse par contre avec une délectation communicative. Bénéficiant d’une écriture inspirée, de la subtilité d’Ivan Reitman, d’acteurs parfaitement en place et des magnifiques paysages pluvieux de l’Oregon, Un Flic à la maternelle est, osons le dire, un classique ! D’ailleurs depuis, personne n’a jamais réussi un mélange du genre avec autant de goût et de générosité.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Universal Pictures
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