Quatrième de couverture :
Scott Manson est l’entraîneur du club de football de London City. Les joueurs l’adorent ; ses patrons lui font confiance. Le jour où un homme est retrouvé mort dans les tribunes, pendant un match à domicile, Manson doit agir. Le propriétaire du City, un milliardaire ukrainien, veut que l’affaire soit résolue au plus vite et le plus discrètement possible. Pas facile quand la victime est le célèbre manager de ce même club… Scott Manson est chargé de mener l’enquête avant que la presse people ne s’empare de l’affaire. Et que le tueur ne frappe à nouveau.
Premier tome de la nouvelle série de l’auteur de La Trilogie berlinoise, Le Mercato d’hiver nous plonge dans un monde où l’adrénaline peut pousser aux pires excès…
Après le merveilleux La couleur des sentiments, il fallait bien choisir la lecture suivante pour qu’elle ne souffre pas la comparaison : un polar s’imposait, à lire de préférence encore en hiver. Mon choix de lecture ne plaira pas à tout le monde : quoi ! un roman qui parle de foot, ce sport bouffé par le fric et les magouilles en tous genres ? Quoi ! découvrir Philip Kerr autrement qu’avec la Trilogie berlinoise (qui, soit dit en passant, traine dans ma PAL) ?? Eh oui mais que voulez-vous, j’assume complètement et je ne regrette rien, Monsieur le juge (de ligne) !
Je ne vous raconte pas à nouveau le résumé apéritif, sauf que Scott Manson, chargé par le propriétaire du club de London City, Viktor Sokolnikov, de découvrir qui a tué le manager Joao Zarco, déteste la police : il a été condamné à tort pour viol et a fait plusieurs années de prison avant d’être innocenté. Rien ne lui ferait plus plaisir que de coiffer au poteau l’inspectrice Byrne, d’autant qu’il est aussi interrogé par une autre inspectrice à propos du suicide d’un ancien joueur de foot et un de ses meilleurs amis.
« Ce livre constitue une oeuvre de fiction, et les erreurs qu’il contient ne sauraient être imputées à mon manager secret (merci de ne pas poser de questions). A son intention, je me sens obligé d’ajouter : tu as toute ma confiance et je te promets de ne pas te virer si ce livre ne rapporte rien. » C’est avec cet avertissement que Philip Kerr inaugure sa nouvelle série consacrée à un entraîneur de foot, Scott Manson.
London City est un club imaginaire inventé par Philip Kerr, lui-même fan d’Arsenal, un des clubs de Londres (avec Tottenham et Chelsea) qui évolue en Premier League. Et à part tous les personnages qui gravitent autour de ce club et de l’enquête, tous les autres acteurs du onde du foot sont bien réels. On sent que l’auteur connaît très bien ce milieu, il est extrêmement bien documenté, mieux : il est passionné par ce sport (peut-être que son manager secret est Arsène Wenger, le célèbre coach d’Arsenal ??) et il est capable de vous citer les plus beaux buts de la Ligue des Champions comme le prix scandaleux de certains transferts. A son crédit, il parle des plus grands joueurs actuels, dont les Belges Romelu Lulalu et Eden Hazard (qui ont joué longtemps en Angleterre).
Cela dit, à l’image de son personnage principal, l’intelligent Scott Manson, qui éclate tous les clichés avec sa culture artistique insolite dans ce milieu, Philip Kerr ne se fait aucune illusion sur les dérives du foot moderne, surtout la collusion entre sport et argent avec des transferts exagérément onéreux, les magouilles des agents de joueurs, des propriétaires de club qui injectent des sommes d’argent dont on peut légitimement s’interroger sur leur origine, les droits télé pharamineux, l’organisation ubuesque de la prochaine Coupe du monde au Qatar… Et il ne dresse pas toujours un portrait flatteur des joueurs, « des connards surpayés ». C’est exactement ce que pensait Joao Zarco, qui n’avait pas sa langue en poche et qui a peut-être payé de sa vie cette franchise trop directe.
Dans l’enquête, l’image de la police est écornée, ils ne semblent pas très malins (à l’exception de la belle Louise Considine) et tout le bénéfice de l’affaire (à la résolution quand même inattendue pour moi) revient à Scott Manson que je retrouverai avec plaisir ans une autre enquête, en espérant jubiler autant à la description du monde du football sous la plume pleine d’humour de Philip Kerr (qui a eu le temps d’écrire et de publier d’autres enquêtes du manager sportif).
« Essayer d’expliquer comment et pourquoi le spectacle d’hommes jouant avec un ballon peut captiver des millions de personnes depuis leur enfance jusqu’à un âge avancé est une tâche allant au-delà des arguments rationnels. »
« Si cela a l’air un peu religieux, c’est parce qu’il s’agit bien de ça ; le football est une religion. La religion officielle de ce pays, ce n’est pas le christianisme, ni l’islam, c’est le football. Parce que plus personne ne va à l’église, surtout pas le dimanche. On va voir un match. »
« L’instant d’après comme s’il avait lu dans mes pensées, je reçu un message de Simon Page me demandant si, à mon avis, on devais faire jouer l’équipe-type ou la réserve contre les Hammers dans une compétition comme la Coupe de la Ligue. C’était une question à laquelle il était facile de répondre. Contrairement à ce que croyaient les fans avides de titres, vous laissiez toujours l’argent penser à votre place : se maintenir en Premier League rapportait à un club entre quarante et soixante millions de livres par an ; une place en Ligue des Champions, vingt cinq millions ; la Coupe de la ligue des queues de cerises ou quasiment. »
Philip KERR, Le mercato d’hiver, traduit de l’anglais par Katalin Balogh et Philippe Bonnet, Le Livre de poche, 2017 (Le Masque, 2016)
Et outre la participation à quelques défis, je me rends compte que je peux vous proposer une thématique Football avec deux lectures à venir (dont une que je vous présenterai en avril, avec le Mois belge)
Petit Bac 2021 – Météo
Défi Un hiver au chalet – Du sang sur la neige (un polar)
A year in England et British Mysteries – En mars, des polars !