Un transport judiciaire, ordonné par le juge d’instruction, le 15 février, à l’Etude de Maître Janvier Yegle, liquidateur de l’Etude de Maître Gueguang, notaire retraité, prétendument un des dépositaires du testament de feu Victor Fotso, débouche sur bien des incongruités.
Le patriarche a tiré sa révérence le 19 mars 2020 à l’hôpital Américain de Neuilly-Sur-Seine, dans les Hauts-de-Seine (92), en France. Mais son ombre continue de hanter les esprits des membres de sa famille, de Bandjoun, sa commune, et bien au-delà. Et chaque jour ce qu’il est convenu d’appeler « Affaire Fotso Victor » apporte son lot d’incongruités, d’incohérences pour ne pas dire d’inepties. Dernier épisode en date, le volet testamentaire. Lundi 15 février 2021, il y a eu un transport judiciaire ordonné par le Juge d’instruction au Tribunal de Grandes instances de la Mifi, Assoua Eydi Joseph, à l’Etude de Maître Janvier Yegle, liquidateur de l’Etude de Maître Gueguang, notaire retraité, l’un des deux notaires prétendument dépositaires du testament de feu Victor Fotso.
Plusieurs constatations ont été faites lors de cette opération. D’une part, le testament litigieux ne figure dans aucun des répertoires de Maître Gueguang disponibles chez le liquidateur. D’autre part, le numéro du répertoire mentionné sur le fameux testament correspond, curieusement, à un autre acte portant une autre date, sans aucun rapport ni lien avec feu Victor Fotso, encore moins avec un quelconque testament. Par ailleurs, à la date du prétendu testament (09 décembre 2014), il apparaît que c’est plutôt une vente d’immeuble que le notaire, Maître Gueguang, avait reçu, sans aucune relation avec feu Fotso Victor. Surtout, dans le registre des testaments de Maître Gueguang, il est mentionné un testament « mystique » de feu Fotso Victor, reçu le 02 septembre 2004 sous le numéro 1550. C’est ce document mystique qui est supposé avoir été annulé par le testament litigieux, qui porte la mention: « Toutes les dispositions testamentaires précédentes et contraires aux présentes que j’ai pu faire autrefois sont déclarées nulles et nul d’effet. Le présent testament remplace toutes dispositions testamentaires antérieures et contraires ».
Faux en écriture ?
Enfin, il apparaît, après observation de la minute du codicille du testament litigieux, que la signature attribuée à feu Fotso Victor, apposée sur la minute du testament, n’est pas arrêtée par le nom du signataire. Pire, en examinant la signature apposée sur chacune des pages de la minute, on constate que les traits non seulement ne sont pas cohérents, ils varient d’une signature à l’autre, ne résistant pas à la comparaison des signatures de feu Fotso Victor sur plusieurs autres documents authentifiés. Le doute du caractère authentique de cette signature attribuée à feu Fotso Victor sur le prétendu testament n’en est que plus grand. Aurait-il eu un faux en écriture? Trop tôt pour répondre à la question.
L’avocate Christelle Nadia Fotso, fille du patriarche, a adressé un courrier au procureur de la République de Paris, Rémy Heitz pour demander une enquête sur les circonstances de la mort de l’homme d’affaires, le 19 mars 2020, à l’hôpital Américain de Neuilly-Sur-Seine. Elle évoquait alors dans un entretien accordé au quotidien Le Messager (édition du 02 février 2021), l’hypothèse de l’existence de faux testaments attribués à feu Fotso Victor et promettait de « faire éclater la vérité ». La suite de la procédure, tant sur l’authenticité des testaments, au Cameroun, que sur les circonstances de la mort de Fotso Victor, en France, devraient permettre d’y voir plus clair dans les semaines et mois à venir.