Même si les écarts entre pays ne sont pas aussi importants qu'on l'imagine généralement, il ne fait aucun doute que nos concitoyens figurent parmi les moins enclins dans le monde occidental à investir sur les marchés, sous quelque forme que ce soit. Et leur désintérêt se reflète naturellement dans leur ignorance des notions élémentaires de la finance… qui les conduit à embrasser des comportements inadaptés et manquer les opportunités d'optimiser la gestion de leurs économies et la préparation de leur avenir.
Afin d'aider à mieux profiter des solutions mises à leur disposition les plus de 80% de la population qui ne maîtrisent pas les principes fondamentaux et les trois quarts qui ne comprennent pas le concept de risque (selon une étude récente), Allianz France déploie donc un cursus composé principalement de courtes vidéos, dont chacune a vocation, en deux minutes, à décrypter et expliquer dans un langage clair et intelligible un sujet déterminé (l'assurance-vie, le PER, l'ISR, les avantages de versements réguliers…).
En complément de ces sortes de hors-d'œuvre (sept d'entre eux sont publiés à ce jour), l'assureur propose également une dizaine de fiches conseils, qui permettront aux visiteurs les plus aguerris ou ceux qui, après la découverte des bases, désireront approfondir leurs connaissances de plonger plus en détail dans les différentes thématiques abordées, toujours avec un vocabulaire accessible, en évitant le jargon inutile et en essayant de mettre l'information partagée à la portée de tous.
Bien que l'intention qui motive la démarche d'Allianz France soit excellente et louable, il faut tout de même en souligner les carences et les limitations. En premier lieu, le format retenu – qui correspond, bien entendu, aux exigences modernes de la communication vis-à-vis de consommateurs à la durée d'attention extrêmement réduite – nuit terriblement à l'objectif visé. Faute de prendre le temps de creuser leurs sujets, les exposés et les articles restent plutôt superficiels et risquent de paraître abstraits à leur audience.
Par ailleurs, la perspective choisie pour l'ensemble de « L'Acadé'vie » me semble trop focalisée sur les produits financiers et non, comme il le faudrait pour une efficacité maximale, sur les projets de vie de l'individu ciblé. Naturellement, tout comme dans le cas de CommBank, on aimerait en outre que l'apprentissage soit personnalisé, décliné dans le contexte des préoccupations de chacun, distillé par petites doses à usage immédiat dans les moments où le besoin apparaît (par exemple dans un parcours client).
La prise de conscience émergente dans les institutions financières du besoin d'éduquer ou, plus raisonnablement, d'accompagner leurs clients est un formidable pas en avant… Hélas, la réalisation a encore beaucoup de mal à suivre. Alors que toutes les grandes entreprises appréhendent et expérimentent des approches innovantes en matière de formation de leurs employés, comment peuvent-elles simultanément croire qu'une simple collection de vidéos et de textes, sans aucune autre incitation, parviendra à convaincre des personnes de consacrer un peu de leurs loisirs à un domaine a priori rébarbatif ?