"La marche de la rage", dit le gros titre
qui surplombe un article parlant de la reprise de l'épidémie !
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Sous prétexte de condamner la quarantaine de vaccinés VIP dont l’existence fait déjà l’objet d’une instruction judiciaire et a provoqué le renvoi immédiat du ministre responsable, la droite libérale a appelé ses partisans à manifester hier samedi sur Plaza de Mayo qui s’est remplie de slogans haineux à l’égard du gouvernement (de gauche) qui a pourtant fait tout ce qu’il pouvait pour réagir sainement à la sortie de route de quelques vieilles badernes de la mouvance kirchneriste. Quelques slogans visaient aussi le Pape François (1), en qui la droite voit un péroniste sectaire (faut le faire, tout de même !). Comme d’habitude, peu de masques et beaucoup de bouches hurlantes et cette fois-ci, les gens sont venus à pied (non pas en voiture), ce qui risque de relancer la contamination, d’autant que les variants ont bien atteint l’Argentine (variant dit anglais et surtout celui dit brésilien).
Comme
si souvent depuis le début de la pandémie, les manifestants étaient
encouragés et excités par Patricia Bullrich, une présidente du
PRO qui se trumpise à vue d’œil
et à toute vitesse.
Pagina/12 préfère traiter du scandale de l'emprunt accordé par le FMI
au-dessus des capacités d'endettement de l'Argentine
et traite la manifestation en manchette (en haut à droite)
Sur la place, devant les grilles de la Casa Rosada (2), les manifestants ont étendu à même les dalles de faux sacs mortuaires, rembourrés pour qu’ils ressemblent de façon très réaliste à des vrais. Ils étaient marqués aux noms des principales figures de la majorité actuelle, en particulier ceux des dirigeant(e)s des associations historiques des droits de l’homme, fondées et toujours animées par les victimes de la dernière dictature militaire (Madres de Plaza de Mayo, Abuelas, H.I.J.O.S, etc.).
Outre Patricia Bullrich, on a vu dans la foule à Buenos Aires deux députés, un sénateur, un représentant du parti radical (allié au Pro) et un ancien ministre de Cristina Kirchner, qui a viré à droite depuis longtemps (Martín Lousteau). Mauricio Macri, pas fou !, a soutenu la manifestation par un tweet sans sortir de chez lui… D’autres ténors de l’opposition manifestaient dans d’autres villes, un peu partout dans le pays.
En
banlieue sud de Buenos Aires, la violence des mots et des symboles a
fait place à de la violence tout court : le siège social de La
Campora, mouvement ultra-kirchneriste de jeunesse, a été incendié
à Avellaneda.
"Défilé de protestation dans tout le pays
contre les vaccinés par privilège"
En haut : la réouverture des cinémas jeudi
et le centenaire de Piazzolla (le 11 mars prochain)
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Comme pendant cet automne et cet hiver, la presse de droite parle à nouveau de manifestations massives et de banderazos mais les photos qui illustrent les articles ne montrent que des vues partielles de Plaza de Mayo, ce qui laisse la place au doute quant à ces affirmations triomphalistes (surtout en début d’année électorale).
Pendant
ce temps-là, dans l’affaire de la privatisation de la vaccination,
la justice semble avoir mis au jour un mode de fonctionnement très
contestable au sein de la Ville autonome de Buenos Aires, ce dont
seul Página/12
parle aujourd’hui.
"Protestation et mal-être sur la place"
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Demain, 1er mars, le président Alberto Fernández ouvrira la session ordinaire du Congrès. Ses partisans s’étaient proposé de venir en masse le soutenir sur Plaza del Congreso pour réagir à cette manifestation de la droite mais le chef de l’État les a expressément priés de n’en rien faire afin de ne pas participer à l’aggravation de l’épidémie. Il demande à tout le monde de rester chez soi ou à son travail et de suivre la séance parlementaire à distance par Internet, par la radio ou la télévision. « Faisons attention les uns aux autres même s’il y en a qui ne le font pas », a-t-il twitté hier.
© Denise Anne Clavilierwww.barrio-de-tango.blogspot.comPour
aller plus loin :
lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación
(1)
Dans un interview publiée très récemment, il a dit qu’il
comptait mourir à Rome, qu’il ne retournerait pas en Argentine et
que le pays ne lui manquait pas (ne lui manquait plus, serait plus
exact car au début de son pontificat, il ne cachait pas sa nostalgie
pour sa ville natale). Il est possible que ces déclarations en
blessent certains en Argentine où l’on n’a que trop tendance à
lire tous les faits et gestes du pape en fonction du pays en prenant
rarement en compte, surtout à droite, qu’il est pape pour tous les
catholiques dans le monde entier et dans toutes les cultures.