Mâlinîvârttika 9-10 : de la richesse ancienne à une richesse nouvelle

Publié le 27 février 2021 par Anargala

apy asaṃkhyanavāsvādacamatkāraikadurmadā /

yenānuttarasaṃbhogatṛptā me matiṣaṭpadī // 9

"(Grâce à ces enseignements), l'abeille de (mon) esprit,

qui était ivre de goûter seulement

la délectation de saveurs nouvelles et innombranles,

a atteint la plénitude de la jouissance absolue."

tadekamayatām āpya svātmany eva tathā sthitā /

tad asyāḥ pronmiṣanty eva vividhā nādasaṃpadaḥ // 10

"Elle est alors devenue cette (joie)

et ne demeure plus qu'en elle-même, en soi-même.

De sorte que toute une profusion de sons/ de paroles,

s'éveille en elle."

Abhinava Goupta

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Après avoir rendu hommage à ses maîtres, Abhinava suggère par cette image de l'abeille qu'il en a fait un miel bien unifié et harmonieux. Son œuvre est en effet une synthèse de tous les savoirs à l'intérieur de la connaissance absolue, celle que l'absolu a de lui-même. Ainsi, ivre d'abord de toutes les philosophies, bouddhistes, shaiva et autres, il en a fait son miel. D'abord il a reçu. Mais il n'est pas resté passif, il ne s'est pas perdu dans un "papillonage spirituel". Il est ensuite devenu actif et il a engendré à son tour une vision nouvelle, plus englobante, plus riche, même si le fond en demeur insaisissable. Du reste, son nom Abhinava Goupta signifie à la fous "nouveau" et "caché", secret. La richesse débouche sur la richesse. Telle est la transmission, la tradition.