Par NoPo
THORIUM Empires in the Sun 2021
Après avoir jeté une oreille ('j'men fous il m'en reste une!' disait le père de Bernie) aux 80's Ostrogoth reformés en 2010, je m'attends à des étincelles avec cette nouvelle association.
3 des guitaristes belges (pendant 7 ans... dans le groupe... pas belges pendant 7 ans) s'adressent à Thor (plutôt à raison d'ailleurs), Dieu nordique du tonnerre qui les initie (si si c'est possip!) à son métal.
Pour prendre leur essor, ils déclinent donc leur patronyme en Thorium après avoir complété l'équipe de forgerons par un chanteur et un batteur en 2018.
Justement 'Empires in the Sun' relate le déclin de la gloire éphémère (sur le modèle de Ramsès II, Ozymandias du poème de Percy Shelley) dont il ne reste, un jour, plus rien sauf des ruines et le sable à l'infini.
Pratique cette pochette (peinture de Velio Josto, auteur d'oeuvres pour Riot ou Enforcer notamment), on a pu jouer aux 7 merveilles du monde avec mon petit fils : la pyramide de Khéops, Chichén Itzá au Mexique, la grande muraille de Chine, la Khazneh de Pétra, et ... le Taj Mahal me suggère Timaël.
Damned, il en manque! Au premier plan, un chemin sculpté, bordé à gauche, d'un glaive dans le roc et de canons à l'arrière et d'un bouclier à droite, conduit sous les vestiges d'une arche qui se découpe dans un ciel bleu nuageux au soleil couchant.
Sur le fronton de l'arche, une gravure 'Beneath behind and between' semble faire référence à Rush (premier texte écrit par Neil Peart).
Le logo du groupe taillé en triangle, dans un aspect de pierre, s'accroche au dessus, pointe vers le bas. Le titre du disque se pose sur le chemin dans une écriture sophistiquée de lettres en forme de flèche ou soulignées.
'Dreams of Empire' aurait pu être interprété par Steve Hackett ou Ritchie Blackmore ('s Night) voir même Tony Iommi (remember 'Orchyd').
Un duo d'arpèges de guitares cristallines marquées, sur le final, par un claquement de palmas, ouvre superbement l'album comme un lever de soleil champêtre.
A côté de ça 'Exquisite' embraye à l'allemande façon Helloween ou Edguy pour un grand prix plein de virtuosité (Schumi aurait apprécié).
A mi-morceau, un riff délicieusement doublé laisse passer la 4è aux twins guitares mais en solo cette fois. Aucun relâchement ne se ressent jusqu'à l'explosion des dernières secondes.
'Powder and Arms II' ralentit le rythme très (très) légèrement pour un climat heavy maidenien à souhait. La frappe fait parler la poudre en évoquant un tir d'artillerie ou une marche forcée mais les guitares laser s'envolent toujours aussi gracieusement.
'Where Do We Go' sait où il va sans se poser de questions. Les guitares de Dario Frodo et Tom Tee fusionnent magnifiquement leur travail d'orfèvres.
La voix, après un démarrage dans des basses rugueuses, se cale entre celle de Tobias Samett et de Bruce Dickinson pour notre plus grand plaisir.
'More Than Meets the Eye' Une guitare façon scie circulaire duellise avec une seconde gratte qui se la joue tronçonneuse si loin du massacre. Dans cette entrée explosive, ça sert les dents!
La basse tonne pour ne pas être en reste pendant que la batterie s'en cogne. Quelle intronitruante qui donne l'impression de se prolonger... jusqu'au bout du round!
La voix narrée par Norman Eshley (Blind Guardian) introduit 'Empires in the sun' en faisant penser à 'The number of the beast' de la vierge de fer, mais, ensuite, ce sont les citrouilles qui font le numéro.
Posé sur un riff onctueux, le chant de David Marcelis s'acoquine avec le timbre d'Andi Deris (Helloween) qui lui colle aux cordes vocales et les escalade aussi haut que l'aurait fait Kiske (Helloween).
Un break aérien, d'un peu plus d'une minute, permet de reprendre son souffle qui s'enflamme à nouveau au final.
'Old Generation' le fait à l'ancienne commençant par une double-pédale à la vitesse de l'excès, puis une éructation de basse propulse la guitare en riff tranchant, apprécié dans un cri de plaisir aigu.
L'effet de la guitare possède un lécher synthétique. La rythmique se la joue Speedy Gonzales avec une entente Van der Linden/Lawless exceptionnelle (tout au long du disque d'ailleurs).
Derrière un arrêt brutal, un double fond nous piège par une outro (qui aurait pu être une belle intro) fignolé à signature NWOBHM.
'Winterfall' une basse métallique, confrontée à une frappe puissante, percute un riff saturé avant l'envol d'une seconde guitare, puis par un contre-pied, la main change le riff en saccades.
Les secousses pachydermiques s'opposent à un chant très aigu proche du métal God.
A mi-morceau, la voix narrée ne rigole pas, mais la folie, un instant, s'empare de celle du chanteur partie en vrille. La composition bascule alors de la lourdeur de Judas Priest aux fulgurances de Dream Theatre comme par enchantement.
'Itchin' and Achin', sans surprise, réinvente le early speed metal à la Helloween. Les guitares martelées au piledriver s'empilent en couches, conduites par de sacrés pilotes qui en tirent un chaud son puissant et tranchant.
La trilogie 1302 :
'The minstrel part I' Une guitare sèche, en accords légers, invite un chant de ménestrel dans une galerie jusqu'à la sortie sous des choeurs lumineux.
'The Golden Shadow' Changements de rythme et hymnes scandés caractérisent cette longue plage dorée. Sa construction ambitieuse reste passionnante sans grandiloquence.
Les guitares ne lâchent rien ou plutôt... l'inverse, elles lâchent tout et font feu de toutes leurs cordes. Un passage plus agressif perfore le centre du morceau qui se brise en d'autres morceaux chantés par plusieurs interprètes avec des atmosphères variées.
Les architectes du son élaborent ce monument comme une merveille éblouissante.
'The minstrel part II' dégage une ambiance moyenâgeuse, rendue par une guitare acoustique (parfois une deuxième en lead), enveloppée de choeurs aériens en coda magnifique a capella.
Le groupe belge tord le cou aux idées préconçues. Si, si on peut passer en revue de nombreux styles (power, speed, heavy voir prog) sans perdre le fil de son métal!
La production rutilante combinée à la virtuosité des musiciens nous accueille ici dans un véritable audi...torium. Impossible de passer sous silence les mélodies retentissantes et les éclairs aux cordes et au cordeau.
Cependant, malgré toutes ses qualités, cette oeuvre suivra les traces de ces empires... en cendres comme au créma...torium...
Line-Up:
David Marcelis: lead vocals
Tom Tee: electric, acoustic and classical guitars, backing vocals
Dario Frodo: guitars, backing vocals
Kurk "Stripe" Lawless: bass guitar, backing vocals
Louis Van der Linden: drums & percussion
Invités:
Norman Eshley: narration
Arjen Anthony Lucassen: lead vocals
Joe Van Audenhove: lead vocals
Anneleen Olbrechts: lead & backing vocals
Benny 'Zors' Willaert: lead & backing vocals