1.
le temps s’étend vivant
absent
je ne sais pas
je ne sais plus
l’homme séparé de la vie
dont la source est tarie
à ce point de non retour
loin des hommes
et de leurs œuvres
étoiles étiolées
absent au monde sensible
ne pense plus de lui-même
et laisse la place
à son ombre
2.
souvenir estompé des jours
de l'enfance
habité par la sensation éphémère
qui s'en va
sans crier gare
mais jamais ne meurt
à la marge des passions
impétueuses
les vents énamourés
caressent les visages
pourtant ce sein flétri
t'a tant bouleversé
ode à la tendresse muselée
la triste mélodie des sons
sans écho
la musique dans le silence
et la couleur
des ocres et puis des roses
après la pluie
6.
la fonte des neiges
au printemps
dans les Alpes
révèle de pauvres corps
engloutis
qui tentaient à l’hiver
de passer la frontière
40.
voyant & naufragé
preneur d’empreintes
tu prépares le printemps
la descente aux limbes
au-delà du chemin
de la contemplation
sur le seuil
la lumière te tombe dessus
45.
aux arbres et aux oiseaux
tu veux cacher
la nerveuse senteur de l’air
cette atmosphère de rumeurs
diverses
source d’angoisse auditive
dans un ravissement étonné
de gris de noir
tu t’appliques
à l’éloge physique de la patience
67.
de vers en versets
la filiation
des proses éparses
secrètement apparentées
dans les correspondances
de tes pensées qui me visitent
loin de mes redites
sauvé par ton instinct
Gérard Berréby, Le Silence des mots, Allia, 2021, 104 p., 6,50€