Membre fondateur du Mouvement de février 2008, journaliste, activiste des droits humains, écrivain, et adhérent de plusieurs organisations de la défense et la promotion des droits humains en Belgique, il explique la nécessité d’honorer les martyrs camerounais et victimes.
Vous êtes un des membres fondateurs du Mouvement de février 2008, à Bruxelles, la capitale des institutions européennes et secrétaire général de cette organisation.
Comment est née l’idée de cette association et quelle est votre ambition ?
Depuis les émeutes de février 2008, au Cameroun, tous les Camerounais renâclent le souvenir de ce jour où les ténèbres n’auraient jamais dû se dissiper ; un peu comme le prisonnier qui aurait vu la porte de sa geôle s’ouvrir et qu’on aurait refermé sur lui alors qu’il se précipitait à l’air libre. Il y a eu des centaines de morts, des commerçants qui ont vu leurs marchandises volées, des maisons qui ont été détruites, des biens divers saccagés…sans oublier des manifestants arrêtés, torturés et emprisonnés.Comme l’écrivait le peintre Georges Braque, parce que « certaines de nos blessures se doivent de devenir lumières » ; parce que ce mois de février 2008 doit être un commencement et non, comme d’aucuns sont portés à le croire, une fin. C’est pourquoi, quelques semaines après les 25, 26,27 et 28 février 2008, nous avons créé le Mouvement de Février 2008 au Cameroun afin de fédérer tous les Camerounais soucieux de rétablir la justice et la démocratie dans leur pays.Il s’agit aussi de commémorer nos martyrs, d’honorer leur mémoire ainsi que celle des personnes victimes.
En quoi la répression qui s’est abattue sur les manifestants, essentiellement des jeunes, pose-t-elle la question d’État de droit au Cameroun ?
Le bilan de ces massacres des populations civiles perpétrées par les forces de l’ordre au Cameroun, en février 2008, avait été évalué par une source indépendante, l’Observatoire National des Droits de l’Homme du Cameroun (Ondh) appuyé par des associations telles l’Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture (Acat-Littoral et France) et avait fait état 136 tués et à environ 3.000 arrestations. Le Gouvernement camerounais, quant à lui, avait reconnu un bilan officiel de 40 morts et de 1671 personnes interpellées. Il n’a par ailleurs pas cru devoir instituer une Commission d’enquête ni engager la moindre investigation pour établir les abus et réprimander ou punir les auteurs de ces tueries.Le Cameroun a signé et ratifié la plupart des conventions internationales et régionales relatives aux droits de l’Homme et comme tout autre État, il est également lié par les normes du Droit International coutumier en la matière. Il y a ainsi lieu que plusieurs droits garantis par ces conventions ont été violés lors des événements de Février 2008 avec la responsabilité de l’Etat camerounais dans ces violations.
Quels sont les doléances du Mouvement de février 2008 à l’adresse du président Paul Biya et de son gouvernement ?
Jusqu’ici, aucun élément des forces de sécurité suspecté d’avoir commis de graves violations des droits de l’Homme n’a fait l’objet de sanctions ni de poursuites judiciaires. Le Mouvement de Février 2008 pense, pour sa part, que toute personne impliquée dans ces massacres doit être jugée. Aussi, le gouvernement camerounais devrait penser à dédommager les victimes et des familles des victimes sans oublier les commerçants et opérateurs économiques qui ont perdu en 2008 leurs biens. Nous avons enfin pensé à la construction à Douala d’une place des martyrs. Doléances que nous avons adressées au gouvernement Camerounais sous correspondance avec ampliation à l’ONU en 2009.