25 juillet 2008
Ugly Betty [Saison 1]
Mon histoire avec Betty Suarez avait mal commencé. On est en 2oo6, Le Destin de Lisa cartonne sur TF1 et ABC lance sa version à elle de la télénovéla argentine Yo Soy Betty La Fea, Ugly Betty. Je regarde le premier épisode et je le trouve raté. Entre les scènes tire-larmes, la morale sur la beauté intérieure et tous ces personnages et acteurs qui en font des tonnes, je n`y trouve absolument pas mon compte. Je regarde le second épisode, toujours rien ne se passe. Pas de déclic. Je m`ennuie devant les aventures de cette héroïne agaçante. Troisième épisode : je m`endors. Je décide donc d`arrêter là ma liaison avec ce gros gâteau écoeurant. Les mois passent, je lis ça et là de très bonnes critiques sur la série mais je reste sur ma première impression et refuse catégoriquement de regarder un épisode de plus. Vient la diffusion sur TF1, les audiences ne sont pas catastrophiques mais pas suffisantes pour la première chaîne d`Europe en plein déclin. Au passage, je revois le pilot et même si je lui trouve toujours les même défauts, je reconnais que j`ai peut-être jugé trop vite la série. Après tout, j`ai persisté toute une saison à suivre Jericho que je trouvais médiocre. Pourquoi ne pas avoir laissé cette chance à Ugly Betty ? Je décide donc de quémander à mon cousin d`Amérique, le fameux, l`intégralité de la première saison pour la regarder pendant l`été. Il m`aura fallu à peine deux semaines pour dévorer ces 23 épisodes ! Si le troisième épisode m`a paru toujours aussi mauvais, même au second visionnage, tout le reste m`a finalement beaucoup plu. Plus on avance dans la saison, plus les scénaristes partent en vrille et nous livrent des histoires toutes plus farfelues les unes que les autres. Alors pour tous ceux, qui comme moi il fut un temps, hésitent à se lancer, voici 7 bonnes raisons de regarder Ugly Betty !
1 // Betty Rocks !
Au premier abord, le sentiment que procure Betty c`est de la pitié. En plus d`être laide, elle semble complêtement gourde. Typiquement le genre de fille qui n`a pas de chance. S`il y a une crotte de chien sur le trottoir, elle est pour elle ! Heureusement, très vite, la série réussit à s`affranchir de ce constat de base pour enrichir le personnage en le dotant d`une vraie personnalité, forte et attachante. Bien que souvent en proie aux doutes, cette Cosette des temps modernes ne se laisse jamais abattre et repart toujours de l`avant ! Elle parvient à transformer ses défauts physiques en qualités et elle dévoile petit à petit un humour jusqu`alors insoupçonné. Elle développe même un sens aigü du second degré. Résultat : comme tous les gens qui l`entourent, on craque pour elle et on en redemande !
2 // Le Bruit des gens autour ...
Betty a beau être attachante, elle ne serait rien sans tous les personnages hauts-en-couleurs qui l`entourent. Entre sa famille déjantée qui nous offre toujours les meilleurs scènes depuis son Queens natal et tous les êtres superficiels qu`elle côtoie à la rédaction de Mode, il y a de quoi s`amuser ! Wilhelmina Slataaaa est probablement celle qui remporte tous les suffrages ! Tour à tout méchante, capricieuse, ambitieuse, vicieuse, elle est un concentré de tout ce que l`être humain peut avoir de plus mauvais en lui. Son assistant, Mark, un dandy plus queer tu meurs, est prêt à tout pour servir les intérêts de sa patronne. Sa meilleure amie, Amanda, hotesse d`accueil écervelée, n`a rien à leur envier. Derrière ses faux airs de pimbêche mal baisée, elle cache des trésors d`ingéniosité et de perversité. On pourrait continuer comme ça pendant longtemps. Le fait est que tous les personnages secondaires dans Ugly Betty possédent un potentiel énorme. Chacun a droit à son heure de gloire à un moment ou à un autre, ce qui permet de creuser leur personnage plus en profondeur. Derrière ces armures en fond de teint et ces faux airs prétentieux se cachent des êtres qui souffrent. Cela permet d`éviter un schéma classique des bons et ds méchants. Les employés de Mode ne sont pas si mauvais que ça et la famille Suarez n`est pas si bonne que ça.
3 // Gay Friendly
Probablement parce que le milieu de la mode est propice à ce genre de sujet, Ugly Betty parle de l`homosexualité sur un ton à la fois décalé et réaliste. La série a d`ailleurs été régulièrement récompensée pour cela. Le personnage de Mark a beau être excessif et cliché, presque tout droit sorti de La Cage aux folles, il n`est pas pour autant moqué. Des homosexuels comme lui, il en existe des tas et même s`il n`est pas représentatif d`une majorité, il a tout à fait le droit de citer. Et au-delà des tenues extravagantes et des grands gestes de diva, des thèmes comme le coming-out et la solitude sont abordés. Un épisode en particulier est dédié à la relation de Mark avec sa mère. Elle ne sait pas qu`il est homosexuel et par un concours de circonstances, elle va finir par l`apprendre de la bouche même de son fils. Cette scène est tout simplement magnifique et pendant quelques minutes, les strass et les paillettes sont rangés au placard pour laisser place au réalisme et à l`émotion. Le personnage du neveu de Betty, Justin, est également très intéressant à bien des égards. On voit rarement à la télévision un petit garçon efféminé, qui plus est soutenu par sa famille. C`est un tabou que la série se permet de faire tomber et elle le fait très bien. Avec humour bien sûr mais avec réalisme aussi quand il le faut.
4 // Audace, quand tu nous tiens !
Outre l`homosexualité, qui est finalement un thème de plus en plus abordé à la télévision, Ugly Betty traite également de quelques autres sujets encore tabous ou en tous cas peu traités en fiction. Il y a la transsexualité, qui arrive comme cela, sans que l`on s`y attende, grâce à un twist stupéfiant; l`immigration, à travers le père de Betty, Ignacio, qui est sur le sol américain clandestinement depuis 2o ans; la population hispanique, encore sous représentée dans les médias, qui trouve ici plus qu`un quota, comme d`autres séries peuvent le faire, mais une vraie voix; et bien d`autres choses encore ...
5 // L`enfer du décor
Afin d`être cohérente jusqu`au bout, la série ne fait pas que parler de la beauté, elle la montre aussi. Je ne parle pas là des mannequins qui passent et repassent inlassablement sous nos yeux mais de la fabrication même de la série ! Les décors sont excellents, en parfait accord avec la démesure assumée de la série. Il y a des couleurs tout le temps partout. Du design ultra-moderne, des tenues de grands couturiers ... Tout est réuni pour nous en mettre continuellement plein les yeux ! Même les tenues de Betty sont extras. Les stylistes ont fait un boulot de malade. Au niveau de la réalisation, là aussi, on en met plein la vue avec plein d`effets et des transitions originales entre chaque scène. Ugly Betty, c`est un gros paquet de dragibus.
6 // Des stars en veux-tu, en voilà !
Et encore ! Je n`évoque ici que la première saison puisque je n`ai pas encore vu la deuxième. Beaucoup de guests viennent rendre visite à Betty. Salma Hayek, productrice de la série, participe à un arc de plusieurs épisodes en milieu de saison; Lucy Liu est présente le temps de deux épisodes; les fans de séries sont gâtés en retrouvant de nombreux visages connus : Christopher Gorham (Popular, Jake 2.0), Judith Light (Madame est servie), Jayma Mays (Heroes), Annalynne McCord (Nip/Tuck), Patty LuPone (Corky) et bien d`autres. (Freddy Rodriguez, Gabrielle Union, Eddie Cibrian, Victoria Beckham pour la saison 2!)
7 // Le soap ultime ?
Finalement, Ugly Betty est un concentré de tout ce qui a toujours fait le succès des soaps mais en repoussant sans cesse les limites, en jouant la carte de la caricature et du second degré poussé à l`extrême, tout en gardant une part de réalisme. La série est brillante parce qu`elle réussit là où beaucoup d`autres ont échoué. Elle réussit à être intelligente sans être prise de tête, bien au contraire, et à faire passer des messages de tolérance discrétement, sans verser dans la moralisateur. Elle n`oublie pas non plus ses origines en gardant quelques principes fondateurs de la télénovela sud-américaine (le couple fait pour être exemple mais que le destin veut séparer inéluctablement, par exemple). Les acteurs et actrices sont tous extrêmement convaincants, d`autant que l`on sent qu`ils s`amusent autant que nous. Chapeau bas à America Ferrera qui a su donner de la nuance à un personnage au départ un peu trop figé.
Alors, toujours pas convaincus ?
Posté par LullabyBoy à 01:42 - Focus Retro - Commentaires [0] - Rétroliens [0] - Permalien [#]