Le yogi, pareil à la plein lune,
dont le corps est comblé de nectar,
a déraciné la souffrance en lui-même
grâce à la tempête des vagues
nées spontanément de l'océan de la félicité du Soi.
Le yogi, pareil aux doux rayons de la lune,
fait le bonheur du monde.
Râmeshvar Jhâ, La liberté de la conscience, 295, Editions Arfuyen
Tous les êtres, depuis les dieux jusqu'aux fourmis, agissent pour eux-mêmes. Leurs désirs sont manques, car ils se sentent incomplets. Ce sentiment d'imperfection est la souillure subtile (ânava-mala) qui engendre les pollutions mentales et pratiques. Si j'agis par amour-propre, c'est que je me sens incomplet, au fond. C'est ce manque inné qui influence toutes mes pensées et mes actes, qui me fait voir le monde comme une étendue étrangère et hostile, et qui me fait agir en vue de plaisirs égoïstes. Les êtres ne peuvent donc vraiment agir en vue d'autrui. Leur altruisme est toujours plus ou moins entaché d'égoïsme.
Mais le yogi a découvert le Soi sous cette agitation du Moi. Son Moi s'est abandonné au Soi, de sorte que le Moi n'est plus une gargouille déformant la Lumière, mais un cristal immaculé qui exprime le Soi autant qu'il est possible.
Le yogi peut ainsi aider les autres. Il est alors une lune pour eux, la lune étant l'image de la fraîcheur face à l'ardeur du soleil.