La nageuse désossée - Légendes métropolitaines, de Linda Maria Baros (éd. Le Castor astral)

Publié le 25 février 2021 par Onarretetout

C’est peut-être à cause du pont Mirabeau, qu’elle nomme, que je pense à Apollinaire, qui écrivait la modernité des villes. Linda Maria Baros a les yeux tournés vers le ciel, vers le dernier étage où plongent les nageuses. Qui sont-elles ? Peut-être des sirènes venues de l’Hellade. Pour hanter la ville qui est « un immense quartier de chair ». La ville est un corps, plus encore. « Un ordre militaire, héroïque lui aussi. Tu passes le long / du boulevard comme parmi les carcasses de porc / accrochées dans un congélateur énorme ». Elle découpe la ville en sept parties, chiffre rencontré déjà dans La maison en lames de rasoir. C’est sans doute que « la rue est une maison inachevée ». La banlieue est déchirée par le RER, et « la réalité reflue vers le ciel ».
« Mais aujourd’hui je ne me bats plus avec les murs. / Je leur préfère les rues, l’infinie tendresse de la banlieue. / Le contact avec la réalité me donne des frissons. » 

Les nageuses sont des constellations ; « elles ont le sexe en forme de H / comme la constante d’expansion de l’Univers ». Et tandis que, dans la cour de la clinique, fument « les tuberculeux du Corps C » (une catégorie de la fonction publique), « d’immenses volées de nageuses passent dans le ciel ».