Autres temps, autres mœurs ? Les Grecs, lorsqu’ils inventèrent, en 776 avant notre ère, les Jeux Olympiques, le firent par amour pour l’exploit physique, en hommage au corps, à sa puissance et à sa beauté, mais aussi par goût pour la compétition. Ils n’avaient pas honte alors de concourir les uns contre les autres, de désirer la victoire et la suprématie, de rechercher la gloire au moyen d’une supériorité physique durement acquise par l’exercice.
Car les jeux, à l’origine, étaient déjà de véritables concours sportifs, panhelléniques, c’est-à-dire réunissant l’élite de la plupart des villes grecques, dont les plus célèbres étaient Sparte, Athènes et naturellement Olympie. Néanmoins, les rivalités et l’esprit de compétition qu’ils occasionnaient n’étaient pas incompatibles avec une forme de solidarité et surtout de loyauté. Car d’une part, les Jeux introduisaient une trêve dans les conflits entre les cités, et d’autre part, les Grecs combattaient nus.
Quel sens donner à cette nudité athlétique, en dehors de sa commodité ? Celle-ci n’est pas essentiellement un hommage à l’esthétique des corps, car comme le rappelle Socrate dans un dialogue platonicien, les hommes ne sont pas égaux dans leur nudité ; mais elle évoque plutôt un rapport franc et direct, sans ruse ni tromperie. Rien n’est plus absurde, selon eux, que de tricher au combat, de gagner sans gloire, d’obtenir des lauriers sans mérite, de paraître seulement gagnant.
Il y a donc bien une éthique possible du combat, car au fond il ne peut y avoir de victoire déloyale. Tout véritable combat exige la nudité.