Le scandale grossit et la justice enquête [Actu]

Publié le 23 février 2021 par Jyj9icx6

"Cela a été une erreur très ponctuelle"
a déclaré la nouvelle ministre de la Santé (en photo)

Ils n’étaient donc pas seulement neuf comme on l’a cru à la fin de la semaine dernière mais beaucoup plus à s’être fait vacciner sur passe-droit du Ministère de la Santé à l’hôpital Posadas qui a dû rendre des comptes devant la nouvelle ministre et subir une perquisition en règle ordonnée par la juge d’instruction ! Le gouvernement qui ne peut donc pas être accusé de protéger les brebis galeuses de sa majorité a publié une liste de 70 personnes, dont certaines ont été vaccinées en toute légalité et toute transparence. C’est le cas du premier nom de cette liste : celui du chef de l’État lui-même, qui a reçu son injection devant les caméras comme tant et tant de mandataires dans le monde pour montrer l’exemple et légitimer le vaccin (en l’occurrence Sputnik V).

"Inculpation et perquisitions" déclare le gros titre
au-dessus d'une photo de la Maison Blanche en deuil

Dans cette liste, on découvre le nom de plusieurs ministres dont, si on veut bien déposer les armes partisanes, il n’est pas scandaleux qu’ils aient bénéficié d’un traitement de faveur. Après tout, ce sont des personnalités-clé dans l’État, leur santé importe au bon fonctionnement des institutions, surtout dans cette double crise sanitaire et économique. Dans la liste, il y a en particulier une personne pour qui on ne peut pas parler de passe-droit : Daniel Scioli, ambassadeur au Brésil, qui a donc profité de ses vacances d’été dans son pays pour se protéger du virus. Tout le monde devrait l’accepter dès lors que l’état sanitaire catastrophique qui règne dans le pays voisin est largement connu ! Pourquoi un diplomate devrait-il prendre des risques pour sa santé et même pour sa vie alors qu’il exerce une mission pour son pays ? Un ambassadeur argentin est déjà mort du covid ; il vivait en France et représentait son pays à l’UNESCO, le cinéaste Fernando Solanas décédé cet été. Ce matin, en pièce jointe de son article principal, Clarín inclut la liste complète.

Une très agressive avec cette série de photos
de quelques unes des vaccinés par passe-droit
Le deuxième dans le sens de lecture
n'est autre que Daniel Scioli, l'ambassadeur argentin au Brésil
et ancien gouverneur de la province de Buenos Aires

Il apparaît clairement que certaines personnes impliquées dans les vaccinations à passe-droit, y compris les soignants qui y ont procédé, étaient au fait du caractère contestable du processus puisque ils ont falsifiés le motif de certaines injections. C’est ainsi qu’un homme politique qui compte dans le courant kirchneriste est inscrit dans les registres de vaccination comme personnel de santé, ce qu’il n’a jamais été !

"Zannini, Scioli et famille de Massa
entre plusieurs dizaines de vaccinés VIP"
hurle le gros titre au-dessus d'une photo
de la perquisition au ministère de la Santé hier

L’ancien ministre de la Santé et son neveu, qui avait des fonctions officielles dans son cabinet quand le scandale a éclaté, sont d’ores et déjà inculpés. Pour ces quelques resquilleurs et leurs bienfaiteurs, la justice n’a donc pas traîné ! La droite n’est pas en reste. Toute une palanquée de ténors et de divas de l’opposition s’est déjà porté partie civile dans cette affaire, comme si cette démarche était nécessaire après que le parquet se soit emparé du dossier.

Une de Página/12 dimanche dernier
Le président entouré de l'ancien et de l'actuelle ministres de la Santé

Hier, Página/12 tentait de tourner la page en évoquant à la une un scandale privé au sein de la famille Macri : l’une des sœurs de l’ex-président a été écartée de l’héritage par ses frères et sœurs et réclame maintenant son dû, comme dans la famille Etchevere, celle de l’ex-ministre de l’Agriculture, si représentative de ces clans de grands propriétaires agraires qui se sont toujours crus au-dessus des lois et professent un machisme d’un autre âge. Pourtant, malgré cet effort du quotidien de gauche pour passer à autre chose ou allumer un contre-feu, c’est bien le scandale des vaccinations qui rebondit ce matin en cette toute fin d’un été miné par la pandémie et la carence de vaccins alors que le président est au Mexique, pour une rencontre au sommet à l’occasion du bicentenaire de l’indépendance du pays. Il n’est pas interdit de penser que la presse de droite fait d’autant plus de bruit autour des vaccinations passe-droit qu’elle pourrait vouloir détourner l’opinion des ennuis judiciaires qui s’accumulent sur la tête de Mauricio Macri, le champion du néo-libéralisme : procès privé avec sa sœur cadette et malversations diverses et variées qui pourraient être imputées à l’ancien président pour ses agissements à la tête du pays ou pour son action comme actionnaire du groupe industriel familial, titulaire de plusieurs concessions de service public bizarrement administrées.

© Denise Anne Clavilier www.barrio-de-tango.blogspot.com

Pour aller plus loin :

lire l’article principal de Página/12
lire l’article principal de La Prensa
lire l’article principal de Clarín
lire l’article principal de La Nación
Dimanche dernier, Página/12 publiait en une un reportage sur le président Alberto Fernández et de ses réactions et processus de décision face à ce scandale de corruption qui fait tant de mal à sa majorité.