Judas and the Black Messiah // De Shaka King. Avec Daniel Kaluuya, Lakeith Stanfield et Martin Sheen.
En racontant l’histoire vraie de Fred Hampton, Shaka King (Shrill) nous offre un film brut dont le propos résonne encore de nos jours. Le film ne perd pas de temps à installer son histoire afin de nous plonger rapidement au coeur des aventures de ces protagonistes. Car dans sa façon de relater l’histoire, Judas and the Black Messiah veut que l’on ressente directement ce qui se passe. L’approche que Shaka King a du film est clairement littéraire mais justement dans le bon sens du terme. Il se concentre moins sur la relation entre les deux acteurs principaux mais plutôt sur ce qui se passe à Chicago autour de l’informateur du FBI William O’Neal qui a infiltré la Black Panther Party dans l’Illinois en 1968. Il n’y a pas de confrontations qui veulent nous en mettre plein la vue mais simplement un récit qui nous raconte la situation de l’époque et comment tout s’est déroulé. Il y a des moments dramatiques suffisamment forts pour contrecarrer le fait que Judas and the Black Messiah reste très réaliste sur la façon dont tout s’est déroulé à l’époque. Mais ce qui fait toute la force de ce film c’est avant tout son casting. Daniel Kaluuya brille sous les traits de Fred Hampton. Il est le soleil autour duquel tout le film tourne et le tient sur ses épaules avec brio.
Focus sur l'ascension de Fred Hampton, militant politique afro-américain, membre du Black Panther Party dans l'Illinois, décédé en décembre 1969 à l'âge de vingt-et-un ans.
Avec un charisme qui imprègne le film du début à la fin, il parvient à installer quelque chose d’étonnant et de fascinant sur bien des plans. L’activiste que Fred Hampton est va prendre réellement vu devant un public où il peut réellement nous démontrer tout ce qu’il fait et ce qu’il veut nous raconter. Au fond, Judas and the Black Messiah aborde un peu toute son histoire à la façon de Steve McQueen. Cela aurait très bien pu être un épisode de Small Axe, la collection de films du réalisateur britannique. Mais Shaka King a sa façon de faire aussi, donnant une vision large de l’histoire en laissant peut-être de côté un peu trop la romance. Le côté romancé est un angle qui aurait pu fonctionner mais pas vraiment celui que j’avais envie de voir non plus. Le fait que le fils de Hampton et sa mère Deborah Johnson ait travaillé en tant que consultants sur le film a probablement aidé celui-ci à se rapprocher autant de la réalité et de devenir aussi impactant. En tout cas, Judas and the Black Messiah fait partie des excellentes surprises de ce début d’année 2021 alors que le sujet porté par l’histoire est clairement encore un sujet d’actualité.
Note : 8.5/10. En bref, une excellente surprise où le talent de tous fait tout l’intérêt du film.
Prochainement en France