Tu y comprends quelque chose ? – Et toi ?
– Non, pas vraiment. – Et moi non plus.
Mais je sens dans mes tripes à quel point mon monde
est devenu fragile. Facile à dire : « Efface les traits
Dus au hasard ». Et si jamais derrière tu vois
La face du vide, pour de vrai ?
Qui murmure, le ciel nous en préserve :
« Comprends donc ! » et tu comprends alors
Une seule chose, à savoir que la lumière est coupée à jamais,
que l’oeil est déphasé et qu’il te trompe,
Que tout est complètement… – Mais soit dit en passant,
Tu es toujours vivant. – Ben oui… – Vivant et sans « ben oui » !
– Je ne te comprends pas. – Prends-le comme tu voudras.
– Pourquoi es-tu grossier ? – Pourquoi es-tu si lâche ?
***
Timour Kibirov (né en 1955) – Anthologie de la poésie russe contemporaine 1989-2009 (Bacchanales, N° 45, Février 2010) – Traduit du russe par Christine Zeytounian-Beloüs.