J’ai reçu ce livre dans le cadre d’une opération spéciale de Masse critique de chez Babelio. J’ai hésité à le demander car le thème du religieux et de l’embrigadement est un thème sensible pour moi… et que je préfère en général m’en tenir éloignée. Mais la curiosité l’a emporté. L’histoire ? Lucie est conservatrice dans un petit musée de l’Oise, malheureusement peu fréquenté et peu doté. Malgré son professionnalisme, elle ne peut donc guère s’épanouir dans son métier, ayant par ailleurs une vie de célibataire assez terne. Alors, quand sa collègue et amie lui parle avec enthousiasme de son groupe de prière et l’encourage à l’accompagner, Lucie accepte. Tout d’abord réticente, sur la réserve, elle se laisse assez rapidement prendre par l’atmosphère du groupe. Elle y trouve de la chaleur et sans doute un sens à une vie qui en manquait jusque là. Peu à peu cependant, elle inquiète ses proches. Elle perd beaucoup de poids et a peu de temps pour sa famille. Lucie est fascinée par celui qu’on appelle Le Berger et qui guide les fidèles de La Fraternité. Pour lui plaire, pour que le groupe voit en elle un membre sur lequel ils peuvent compter, elle sera prête à tout, même à se mettre en danger professionnellement… Ce roman décrit très bien comment une âme solitaire, raisonnable et intelligente, peut se laisser prendre par un mouvement sectaire. Le lecteur reste tout de même étonné que les doutes récurrents de Lucie ne prennent jamais le dessus. Il faut dire que Thierry, Le Berger, sait y faire pour la maintenir sous son emprise. J’ai été prise par le côté implacable du récit qui fonctionne très bien, et donne envie de reprendre sa lecture, sans doute pour voir jusqu’à quelle extrémité ira Lucie. Je n’ai pas trouvé l’ambiance glauque ou gênante, le style étant assez simple et fluide. J’aurais d’ailleurs justement aimé un peu plus de relief dans l’écriture je pense, ce qui m’aurait permis de l’apprécier encore davantage. C’est un roman qui a l’intérêt de pointer du doigt la solitude de nos sociétés modernes, solitude qui fait le lit de tels mouvements, bien sûr, mais aussi de toutes les emprises, comme celles des pervers narcissiques par exemple. Il y a d’ailleurs un peu de ce phénomène dans la relation que Thierry, Le Berger, entretient avec Lucie, sa proie.
Editions du Seuil – 4 février 2021
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…
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