« Les gens ont le droit de savoir ce qu'ils consomment et donnent à leur famille. Il s'agit d'un problème mondial qui exige une solution mondiale ». Cette équipe de biologistes de l'University of Eastern Finland (Kupio) relance le débat sur ces nanomatériaux présents à notre insu dans tous nos produits de consommation -mais qui n'apparaissent pas dans les listes d'ingrédients.
L'utilisation de nanomatériaux reste en effet non réglementée. Ainsi, nos produits de consommation, aliments, cosmétiques et vêtements, pourraient recéler de nanomatériaux à notre insu. Une préoccupation et un objectif de recherche pour ces scientifiques car ces composés sont par définition difficiles à mesurer et à détecter, ils peuvent être ingérés, pénétrer dans nos cellules et s'y accumuler.
La nanotechnologie change notre quotidien mais pas seulement « en bien »
Les applications en nanotechnologie permettent de traiter de nombreuses maladies. Les nanotechnologies nous permettent également de fabriquer des matériaux 100 fois plus résistants que l'acier, des batteries qui durent 10 fois plus longtemps ou encore des panneaux solaires qui produisent 2 fois plus d'énergie que les anciens, des produits de soin qui préservent la jeunesse cutanée, etc… Il n’est donc pas question de condamner la révolution industrielle en cours, mais de mieux la gérer.
Tracer les nanomatériaux tout du long de la chaîne alimentaire : les nanomatériaux et leur utilisation dans les produits de consommation sont loin d'être sans risque, écrivent ces scientifiques. Leur étude décrypte les processus en jeu lorsque ces nanoparticules pénètrent dans un organisme. Ainsi, l’équipe a développé une méthode sensible pour trouver et tracer ces nanomatériaux dans le sang et les tissus, et, à titre d'exemple, les a tracés tout au long d’une chaîne alimentaire aquatique, des micro-organismes aux poissons, qui sont aussi une source alimentaire.
Du micro-organisme à l’aliment fini : cette étude constate que les nanomatériaux se lient fortement aux micro-organismes, qui sont eux-mêmes une source de nourriture pour d'autres organismes, et c'est ainsi qu'ils entrent dans notre chaîne alimentaire. Une fois à l'intérieur d'un organisme, les nanomatériaux peuvent changer de forme, de taille et de formulation, devenant parfois plus dangereux. Ils peuvent facilement pénétrer dans les cellules et se propager à d'autres organes. En examinant différents organes, les scientifiques constatent que
les nanomatériaux ont tendance à s'accumuler en particulier dans le cerveau.
Les nanomatériaux sont difficiles à mesurer et à détecter : leur quantité dans un organisme ne peut pas être mesurée uniquement en utilisant leur masse, qui est la méthode standard pour mesurer d'autres composés chimiques pour la réglementation. C’est pourquoi il est primordial d'évaluer le risque des nanomatériaux avant qu'ils ne soient introduits dans les produits de consommation. Une meilleure compréhension a priori des nanomatériaux et de leurs risques pourrait permettre de mettre en œuvre une règlementation plus stricte sur leur utilisation.
De nombreuses questions sur les nanomatériaux doivent encore trouver une réponse. « Sont-ils vraiment sans danger pour nous, et pour l'environnement ? Où finissent-ils après que nous les ayons utilisés ? Comment pouvons-nous évaluer leur risque éventuel ? »
Source: Nature Communications 09 February 2021 DOI : 10.1038/s41467-021-21164-w Particle number-based trophic transfer of gold nanomaterials in an aquatic food chain
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Équipe de rédaction SantélogFév 20, 2021Rédaction Santé log