La peur aura motivé les gouvernements à faire semblant d’accroître la sécurité. Nous n’en avons pas plus et encore moins de liberté.
S’il y a bien une émotion particulièrement commode pour diriger la foule, c’est bien la peur. Cela fait passer presque instantanément la grande majorité des individus en mode réflexes.
Or, un réflexe simple lorsqu’on a peur est de simplement suivre le groupe parce qu’en moyenne, le groupe se trompe peu. Et si l’on a correctement orienté le groupe en lui faisant peur et en lui fournissant en même temps des solutions (de groupe, évidemment) qui répondent (fortuitement) à un agenda pratique pour celui qui manipule, le groupe fonce alors tête baissée vers la solution présentée, bonne ou mauvaise.
Bien utilisée, la peur fait en effet complètement oublier la liberté aux individus : la liberté, en laissant les possibilités ouvertes, n’apporte jamais de réponse immédiate, émotionnelle, instinctive et définitive aux dangers qu’on croit percevoir. Elle est toujours une réponse argumentée, raisonnée, pondérée et ne fait pas le poids devant les réponses instantanées, toutes faites et rassurantes par leur immédiateté.
Les adversaires de la liberté utilisent donc habilement la peur en multipliant les messages anxiogènes et les solutions toutes faites qui vont dans leur sens à eux : « La planète se réchauffe, vite, réduisons nos besoins en énergie, réduisons la population ! » ou encore « Vous allez mourir et atrocement en plus, vite barricadez-vous, ne bougez plus, taisez-vous, laissez l’État tout prendre en charge ! »…Le besoin (pas nécessaire en réalité) de répondre vite, le caractère d’urgence (créé artificiellement) finissent par désarmer ceux qui ont l’habitude de la liberté lorsque le cadre se prête à la réflexion et à la pondération. Rapidement, les objections réfléchies sont complètement écrasées par les émotions et à la fin il ne reste plus qu’un groupe à peu près homogène d’individus qui se ruent vers les solutions proposées. Peu importe qu’elles n’ont de solution que le nom : ça marche pour diriger la foule et ça accroît sans cesse le pouvoir de ceux qui les proposent.
Le résultat très concret peut s’observer actuellement et il n’est pas beau à voir.
Assez rapidement, toujours en utilisant le prétexte de l’urgence et du caractère soi-disant exceptionnel, et grâce à l’intervention des médias qui, eux aussi, utilisent la peur d’autant mieux qu’elle fait vendre, a été mise en place une succession de confinements et de couvre-feux. Si leurs bénéfices sont parfaitement hypothétiques (« sans, il y aurait eu plus de morts patati patata »), les effets économiques, sociaux, politiques et même médicaux sont maintenant visibles (pas du tout hypothétiques) et catastrophiques.
Cependant, chaque nouveau confinement accepté par la foule apeurée brise un peu plus la résistance de ceux qui étaient auparavant indépendants et qui deviennent de plus en plus soumis aux bons soins des dirigeants et de l’État à leur botte.
De façon habile, la réduction drastique, catastrophique même, de l’activité économique sera présentée comme bénéfique pour le climat. C’est faux, mais peu importe puisqu’il s’agit, là encore, de manipuler les foules, pas de les aider.
La suite logique a déjà été évoquée, sortie des cartons et la mise en musique ne tardera pas : la peur a fait des miracles et l’introduction d’un traçage permanent passe comme une lettre à la poste. Bien sûr, au début, on le baptisera passeport médical (pour ne pas effrayer le troupeau), puis passeport vert (qui permettra de vérifier l’adéquation comportementale avec l’agenda écologiste) puis enfin, ce sera le contrôle permanent des faits et gestes pour vérifier qu’ils sont en ligne avec la doxa officielle. Le procédé est transparent, simple, souple et cette doxa peut évoluer sans souci : le cheptel s’adaptera.
Bien évidemment, pour éviter la dissension, on laissera se développer la censure, le déplateformage et plus efficace encore, l’auto-censure (par pression sociale, depuis les groupes de Social Justice Warrior jusqu’aux fachos antifa pour taper du récalcitrant). Est-il vraiment besoin de revenir sur les derniers mouvements au sein de Facebook, Twitler et autres pour préciser ce point ?L’accroissement de la pauvreté et la mise sous tutelle étatique d’un nombre croissant d’individus permet l’introduction d’un revenu universel, magnifique étape dans l’asservissement le plus abject puisque ce principe est exactement équivalent à la distribution de nourriture « gratuite » aux animaux du zoo. On peut d’ores et déjà parier que la mise en place de ce système sera applaudie des deux mains par une proportion stupéfiante de Français.
Parallèlement, on continuera le grignotage de la propriété privée (en France, il va à un rythme galopant ; il en ira de même partout ailleurs). Notez qu’on favorise déjà la location de tout et la possession de rien, la propriété privée étant maintenant de plus en plus ouvertement honnie, dans les médias, les discours politiques et les pensées jalouses de toujours plus d’individus.
Dans ce cadre, l’humain et ses services deviennent atomiques, parfaitement remplaçables. Les communistes, qui nient la notion même d’individu, se réjouiront et se feront broyer à leur tour en devenant eux-mêmes des petits rouages anonymes d’une immense machine devenue folle.Cette disparition de la propriété ne peut se faire sans une disparition complète de l’argent liquide anonyme. Cette disparition de toute transaction privée entraînera la disparition de toute possibilité de faire des affaires sans être fiscalisé, et surtout sans échapper au jugement permanent, à la scrutation de tous par tous : chaque transaction devenant publique, cela veut dire que chacun est jugé en permanence par tout le monde. La transparence totale que certains abrutis applaudissent des deux mains est évidemment un cauchemar abominable mais il faudra que ces abrutis la subissent pour comprendre pourquoi.
Ça tombe bien, on y va droit.
L’année passée nous a fourni une bien sévère leçon, celle que tous les efforts des libéraux sont vains s’ils ne parviennent pas à communiquer et amoindrir les sentiments de peur qui s’emparent de ceux qui connaissent mal la liberté.
Pire encore : on se rend compte qu’à mesure des progrès qui nous garantissent une diminution constante des dangers réels (guerres, catastrophes naturelles et même épidémies), les individus ont de plus en plus peur, de leur ombre, du changement, des autres, des frémissements de l’actualité ou de la liberté elle-même.
—-