En cette très morne année 2000, je n'avais retenu d'un sampler de rentrée que quelques notes de guitares, des accords répétitifs et obsédants, ceux de "Barra Barra", hymne qui allie quasi punk à musique berbère et qui, admirablement produit par le véritable metteur en son et collaborateur de longue date de Taha, Steve Hillage, m'avait instantanément ravi.
Bien que je respecte sa démarche artistique, je n'étais pas forcément un aficionado du bonhomme, je connaissais bien sûr l'affaire Carte de Séjour, beaucoup moins consensuel qu'il n'y avait paru à l'époque, et ne m'étais pas forcément ému de ses récentes reprises de Clash en arabe.
Cet album, en revanche, fut une claque, et n'a pas pris une ride aujourd'hui. Tout l'album réside autour d'une trame hypnotique, les morceaux plutôt étirés, agissent tels des mantras, et au-delà de l'oud, des tablas et autres instruments orientaux, demeure cette touche dansante aux lisières de la techno qui est l'apanage du ticket Taha/Hillage. Des morceaux de la trempe de ce "Barra Barra" irrésistible, il y en a à la pelle : "Foqt Foqt", ""Ala Jalkoum", superbe duo avec Femi Kuti (fils de Fela) en forme de complainte, "Aïe Aïe Aïe" aux confins de la trance -certains overdubs vocaux ne sont pas loin de Underworld, "Medina", "En Retard"...
Ce disque est le crossover idéal pour découvrir un univers de raï (pourtant pas ma tasse de thé) teinté de modernité urbaine (ces guitares !), un beat, un souffle, l'alliance insoupçonné d'un auteur et de son arrangeur.
en bref : très beau disque tour à tour émouvant, trippant et finalement foisonnant dans sa diversité de sons, que ne remet pas du tout en cause l'unité mélodique des chansons.
Rachid Taha officiel
"Barra Barra" en live