« De l’art de savoir renoncer
Vous avez procédé très méthodiquement.
Vous avez pris le temps (plusieurs mois) de réfléchir à vos envies et besoins (avec lucidité).
Vous en avez parlé à vos proches concernés et envisagé ensemble ce que cela entraînerait.
Vous vous êtes projeté dans ce changement à venir.
Vous avez fait appel à des professionnels de l’accompagnement, rencontré des personnes pouvant vous transmettre une expérience similaire. Vous êtes allé voir sur place.
Vous avez réajusté, redimensionné, recalculé.
Pour, au final, réaliser que votre projet n’est pas encore suffisamment abouti. Que ce n’est pas encore le bon moment. Que cela vous placerait face à de trop grandes incertitudes financières et vous limiterait pour d’autres projets tout aussi enthousiasmants (Renoncer à vos voyages ? Jamais !). Que ce métier qui vous faisait rêver à l’adolescence ne vous inspire plus du tout. Que la région où vous pensiez vous installer suffit à vos vacances, mais ne convient pas à votre vie quotidienne. Que, tout bien réfléchi, cette métropole parfois étouffante où vous habitez correspond malgré tout à votre mode de vie festif. Ou bien vous rencontrez des soucis de santé. Ou la personne qui partage votre vie ne souhaite pas ou n’est pas en mesure de vous suivre. Ou bien, ou encore …
Il existe de nombreuses raisons qui peuvent vous amener à différer ou reporter votre projet. Voire à l’abandonner. Pour un (tout) autre projet ou pour le statu quo. Dès lors que vous avez réellement, sincèrement « joué le jeu », renoncer au changement de vie escompté, le modifier ou le reporter est tout à faire légitime. C’est aussi une façon d’interroger vos priorités actuelles. Quelles sont-elles ? ce projet que vous souhaitez mener vous permettrait-il de leur donner toute leur place ?
Pour qui se lance dans un travail de réflexion sur un projet à mener, le renoncement, temporaire ou définitif, fait partie des options possibles. Il doit donc être envisagé, au même titre que l’aboutissement ou la réorientation.
Prendre conscience que les conditions ne sont pas réunies et décider que le changement ne se fera pas est bien plus raisonnable que se retrouver en difficulté faute d’avoir pris en compte suffisamment ou à temps la réalité de sa situation.
Cela fait plus de six mois que vous réfléchissez à votre changement de vie. Vous conduisez votre projet méthodiquement et sérieusement, sans brûler les étapes. Tout se déroule « normalement », avec son lot de surprises et d’aléas que vous résolvez au fur et à mesure qu’ils surviennent.
Pour autant, quelque chose vous dit que tout cela ne vous ressemble pas tout à fait… Sachez écouter cette petite voix, et, lorsque le doute surgit, le regarder en face et écouter ce qu’il a à vous dire.
Il vous évitera peut-être de troquer une insatisfaction pour une autre.
Renoncer est-ce pour autant un échec, du temps perdu ? Bien au contraire ! Renoncer en connaissance de cause, en s’étant donné le temps et les moyens d’étudier la question sous tous ses angles, ses moindres conséquences, avoir réfléchi aux options possibles, représente déjà en soi un changement. Surtout si vous vous êtes déplacé, avez exploré de nouveaux lieux ou rencontré de nouvelles personnes au fil de vos recherches et questionnements.
Enclencher cette dynamique, c’est préparer un changement ultérieur. À plus ou moins long terme qui prendra peut-être un tour différent. Et pour lequel vous aurez déjà pris un peu d’avance. Même inaboutie dans l’immédiat, la préparation du départ est déjà le début du voyage… »
Écoutez votre intuition, osez dire à votre entourage que vous avez changé d’avis et capitalisez sur le travail que vous avez déjà effectué pour mieux rebondir !