Comment est-ce qu'un consultant peut faire du storytelling ?
Il y a deux façons de faire. Et pour moi, l'une d'entre elles est meilleure que l'autre. (Hé oui, sinon pourquoi écrire cet article ?)
Déjà, pourquoi est-ce qu'un consultant doit faire du storytelling ?
Et bien, tout simplement parce qu'il est comme tout le monde. Il recherche l'efficacité. Ah, ah ! C'est bien beau de lancer des affirmations... Oui, mais je les prouve. Ici, sur ce blog d'ailleurs. J'ai déjà publié pas mal d'articles sur les performances atteignables grâce au storytelling.
On ne va pas refaire le film. Je vais juste indiquer quelques liens vers des articles que j'ai publié par le passé sur l'efficacité du storytelling. Voici donc quelques exemples :
- efficacité du storytelling dans les billets de blogs
- sur l'efficacité du storytelling en vidéo sur les médias sociaux
- quand le storytelling multiplie l'efficacité par 20
Voilà. Ce ne sont pas forcément les travaux de recherche les plus connus sur le fonctionnement performant du storytelling, mais on ne va pas répéter tout le temps les mêmes références.
Possibilité n° 1 de faire du storytelling quand on est un consultant :
Autant le dire tout de suite : ce n'est pas elle ma préférée. Cette première option narrative consiste à raconter une seule, longue, grande histoire.
- Dans la rubrique A propos du site web. Cette histoire est alors plutôt générique.
- Dans une étude de cas qu'on a choisi de rendre narrative? C'est alors une histoire plus focus sur une mission particulière menée par le consultant.
Dans les deux cas, cette histoire va être axée sur les succès, les résultats du consultant. L'histoire "cocorico", comme je l'appelle. Le consultant est super, génial et on se demande comment cela se fait qu'il soit encore obligé de chercher des clients tellement c'est évident et tout le monde devrait déjà être au courant.
Ce type d'histoire va en général vouloir montrer que le consultant est multi-tâches et bien entendu efficace dans chacun des domaines dans lequel il intervient.
Ce type d'histoire peut fonctionner pour des consultants qui ciblent soit d'autres consultants soit des chefs d'entreprises qui travaillent en solo, ou dans de petites entreprises, ou alors encore dans de plus grandes entreprises mais en faisant un peu tout dans la boîte.
Possibilité n° 2 : peupler sa communication d'une multitude d'anecdotes
Enfin bon, multitude est un gros mot : c'est pour dire plusieurs petites historiettes. C'est cette formule que je préfère.
Cette formule là veut véhiculer la richesse d'une expérience. Et elle ne le fait pas à travers une liste de résultats obtenus. Non, elle veut montrer que le consultant a du vécu.
On se place ici dans une posture, non pas de preuve mais de discussion entre professionnels voire experts. Pas forcément experts métiers, mais experts de la gestion de projet, par exemple.
Evidemment, ce consultant ne va pas travailler avec le même type de client. On va plutôt être sur une clientèle de grande entreprise. Plus précisément, sur une direction spécifique fonctionnelle de cette entreprise. Ce client là ne va pas être en recherche de performance mais d'appui. Attention : je ne dis pas qu'il n'y a aucun besoin d'être performant. Mais ce n'est pas le coeur de l'attente du client. Il cherche une assistance à maîtrise d'ouvrage experte. Il sait déjà ce que vous valez. Il a fait ses recherches et s'il vous a inclus dans son appel d'offres c'est qu'il est certain que vous pouvez faire l'affaire. Essayer de lui prouver qu'il n'est pas incompétent dans sa sélection c'est même être insultant, suggérer qu'il pourrait ne pas avoir été très pro dans ce travail. Bref...
Bien sûr, il faudra faire une proposition experte, mais inutile de vouloir épater le client en lui montrant ce que vous avez pu faire ailleurs. Vous allez ici parler de votre proposition spécifique et d'anecdotes croustillantes que vous avez pu vivre dans d'autres missions. Mais pas de vos "extraordinaires" succès passés, hein !
Mes petites histoires pour mon storytelling de consultant :
Je sais, ça fait un peu consultant qui écrit ses mémoires. Mais il est vrai que je suis plus proche de la fin de ma carrière que du début.
- 14 heures de formation délivrées devant un écran noir, parce que la politique de vie privée du client interdisait que je puisse voir les stagiaires
- Avoir été réticent à accepter de recevoir une bouteille de rhum d'un client parce que je croyais qu'il voulait me payer avec (mais peut-être était-ce réellement le cas), avant d'accepter finalement (parce qu'il m'avait payé en vraie monnaie entre temps)
- Avoir découvert qu'à Casablanca, on n'attend pas qu'il n'y ait plus de voitures pour traverser la rue, on décide et on traverse (sinon, j'y serais sans doute encore maintenant)
- Avoir formé des éducateurs canins au storytelling -pas pour éduquer les chiens, mais pour former d'autres éducateurs canins
- Lors de cette même formation d'éducateurs canins : avoir laissé ma main pendre le long de mon corps pendant que je donnais les consignes d'un exercice, et avoir soudainement senti l'énorme langue du labrador d'un des stagiaires me la lécher (oui, il n'avait pas de solution de garde pour son chien, donc il l'avait emmené)
- Avoir été obligé de parler pendant plusieurs heures dans un micro dans une petite salle de réunion en face de 10 personnes, parce que des travaux au marteau piqueur étaient en cours juste en bas de l'immeuble
- Faire Cannes-Strasbourg en voiture un jour, puis Strasbourg-Bruxelles le lendemain matin, arriver fringuant chez mon partenaire commercial qui me demande, éberlué : "quelle drogue tu prends ?" (je ne sais pas, mais je veux bien retrouver la même : en revenant sur Strasbourg le soir, j'avais encore l'énergie pour faire des confitures de figues)
- M'être fait reprocher de ne pas être corporate dans une entreprise cliente à cause de ma chemise à petits carreaux, ce qui a fait rire mon collègue intervenant... avant qu'il ne se prenne une remarque pour cause de cheveux trop longs
- Avoir participé à une réunion de travail avec 5 confrères européens qui était un fake : c'était en fait une "réunion" de choix de 2 d'entre nous au final (on l'a su plus tard, pas grave, malhonnête mais pas grave)
- Avoir découvert à mon avantage ce que le me verbe "déloger" signifie en langage hôtelier : vous attribuer une chambre réservée par quelqu'un d'autre pas encore arrivé (et qui n'a pas choisi l'option "payer d'avance") parce qu'à la suite d'une erreur de l'hôtel, par ailleurs complet, vous n'avez en fait pas de chambre. Croiser le locataire prévu initialement dans le chambre, vociférant à la réception le lendemain matin... Et passer très très vite et très discrètement
Bon il y en aurait d'autres encore, mais c'est déjà pas mal comme ça. Et cela m'a fait très plaisir de m'en souvenir. Je dois vieillir, c'est aussi un peu ça sans doute.
Bon cela dit, je ne suis pas encore à la retraite et donc, les projets propices à anecdotes et les autres aussi sont les bienvenus. Rendez-vous chez Storytelling France.