Film de Eran Riklis
Ce film, sorti en avril, a failli m’échapper. Ça arrive. On passe à côté de l’excellence, sans même parfois s’en rendre compte. Une des toutes dernières séances à l’Utopia. Et c’était splendide et amer à la fois.
Israël. Frontière avec la Cisjordanie, là où trop vite monte le mur de l’ignominie. Faut pas l’oublier, ce mur. Côté palestinien, nous avons Salma, veuve, tristounette quand ses enfants annoncent qu’ils ne peuvent pas venir ce week-end. Elle exploite un immense verger de citronniers, légué par son père, aidée par un vieil homme peu bavard mais dont la générosité se lit dans le regard. Elle en vit à peine, de ses citrons, mais elle y tient, et puis ils sont bons : tous ses visiteurs se délectent de sa citronnade. Et puis il y a la photo, toujours la même, de son mari : un cliché minable, d’un homme au regard peu avenant, sans douceur ni sourire.
Côté israélien, il y a la jolie demeure du ministre de la Défense et de sa femme. Des gens bien, humains, compréhensifs. Mais voilà : des terroristes pourraient se cacher dans les citronniers et attenter à la vie du ministre. Alors on installe un mirador (gardé par un jeune gars assez drôle), on met des barbelés, et, en très haut lieu, on décide d’arracher les citronniers.
Salma est bien décidée à se battre bec et ongles pour sauver la plantation. Aidée par un séduisant avocat, et paradoxalement soutenu par la femme du ministre sa voisine, elle lutte. Et c’est cette lutte qui fait l’objet du film, toute en finesse et en légèreté, jusqu’à l’immense amertume de la scène finale.