Henning Mankell est un auteur étrange. Un peu « attrape-moi si tu peux »….
A la lecture récente de quatre de ses romans, je ne réussis pas à cerner son écriture. Chez certains auteurs on retrouve un style, dans la forme ou le fond… Chez Mankell, à part quelques points que je développerai plus loin, je ne m’y retrouve pas. Pour autant, son écriture ne me déplaît pas et je reste marquée par ses histoires.
Ce qui est en premier lieu déroutant est d’avoir l’impression d’avoir à faire à deux personnes complètement différentes. Le Mankell, auteur de romans policiers et le Henning, père de fictions plus classiques.
Je suis tombée un peu par hasard sur « Comedia Infantil ». Ce roman m’a beaucoup touchée et émue. On accompagne un enfant des rues dans un pays d’Afrique ravagé par la guerre et les dictatures. L’histoire est empreinte d’un réalisme éprouvant mais connaît aussi des passages poétiques très à propos qui illustrent en finesse le chemin intérieur d’éveil et de maturité que prend l’enfant.
Je trouve la quatrième de couverture bien écrite et très inspirée (ce qui n’est pas souvent le cas) :
« Le ciel était dégagé après les violentes pluies et la lune était pleine le soir où je posai Nelio sur le matelas sale. Là où à l’aube, neuf jours plus tard, il allait mourir. » Une nuit, dans une ville africaine, un homme est assis sur le toit d’un théâtre et contemple la ville à ses pieds. Il se remémore l’histoire que Nelio, l’enfant des rues, lui a confiée au cours des neuf nuits qui lui restaient à vivre. Qui est cet enfant âgé de dix ans qui détient déjà toute la sagesse d’un vieil homme? Pourquoi a-t-on voulu le tuer? La guerre civile fait rage. Nelio est le seul rescapé de la mise à sac de son village. Après une période d’errance, il finit par gagner la grande ville et il rejoint un groupe d’enfants des rues avec lesquels il affronte la misère, la faim, l’intolérance. Face à la barbarie, Nelio oppose la poésie et la générosité et se laisse guider par l’imaginaire.
Mankell parvient à décrire l’Afrique et ce pays avec beaucoup de force. Réussir à ce point à faire un amalgame brillant entre lyrisme et réalité est rare.
Ebranlée et remuée par cette première incursion dans le monde de Mankell, j’ai voulu y replonger en achetant un autre de ses « romans africains ».
Malheureusement, avec « Le Fils du vent », l’alchimie n’a pas fonctionné pour moi de nouveau.
Cette fois, on se retrouve au début du XXème siècle, en compagnie d’un jeune suèdois qui, un peu perdu dans sa vie, part en Afrique du Sud pour découvrir de nouvelles espèces d’insectes. Il reviendra avec un nouveau papillon mais ramènera surtout avec lui un jeune garçon trouvé dans le désert. De retour en Suède, on suit ses errances, pauvre hère qui se débat transbahuté entre conférences pseudo-scientifiques dans lesquelles on le montre à la population effrayée et mauvaise conscience de son père adoptif qui l’abandonnera finalement à la campagne.
L’histoire est passionnante. On sait que de telles destinées ont existé (voir « La Vénus Hottentote »). Toutefois, malgré une qualité certaine, cette histoire ne m’a pas autant émue que « Comedia Infantil ». J’y ai trouvé moins de force dans l’écriture.
Une prochaine fois, je m’attaquerai à ses écrits policiers, qui m’ont plutôt déroutée…