L'histoire est classique : la mise en commun des finances personnelles au sein des familles est apparue à une époque où les moyens techniques disponibles, limités, ont conduit à élaborer un produit relativement simple… qui n'a guère évolué depuis. Pourtant, depuis quelques décennies, les formes de cohabitation ont progressé, les rapports entre conjoints se sont transformés, les habitudes de dépenses et d'épargne ont changé…, induisant une demande pour une approche plus flexible du compte bancaire.
Profondément convaincus de ce besoin, les fondateurs de Zeta ont d'abord cherché à le caractériser objectivement. Pendant 3 ans, ils ont donc analysé en détail les pratiques quotidiennes – chaque facture, chaque achat, payé individuellement ou à deux – des milliers de couples ayant adopté leur première application, « simple » outil de gestion budgétaire comme il en existe tant sur le marché. Les résultats obtenus aboutissent maintenant à l'étape suivante de leur plan : la création d'un compte joint intelligent.
Afin de répondre à la préoccupation principale de sa cible de pouvoir disposer d'un espace pour l'argent partagé sans devoir nécessairement exposer l'ensemble de sa vie à l'autre, la plate-forme se présente comme un complément aux comptes individuels existants des deux conjoints, directement connectés de manière à faciliter son approvisionnement. Il suffit d'y imputer les prélèvements d'abonnements, loyer, charges et autres frais récurrents à équilibrer dans le ménage, assortis de règles ajustables à loisir.
Naturellement, les co-détenteurs disposent aussi chacun d'une carte de débit leur permettant de régler les dépenses courantes du ménage. Par ailleurs, et il pourrait s'agir d'une piste pour une future extension, une suggestion d'utilisation consiste à constituer une réserve d'épargne pour un projet d'avenir (les dépôts sont rémunérés, quoique à un taux faible). Dans tous les cas, les contributions restent fixées librement entre partenaires, l'application ayant alors un rôle d'assistance pour leur calcul et leur contrôle.
L'ouverture d'un compte joint représente un engagement important dans le parcours d'un couple et un de ses freins est l'angoisse d'une éventuelle rupture, avec les complications financières qu'elle engendre fréquemment. Zeta l'atténue en intégrant d'emblée une fonction de clôture aisément accessible. La startup envisage même d'autoriser ses utilisateurs à définir, dès l'entrée en relation, bien avant que leur situation n'ait risqué de dégénérer entre eux, les modalités de répartition des fonds dans cette hypothèse.
La jeune pousse est encore loin d'adresser l'ensemble de la problématique mais elle offre déjà une leçon essentielle aux établissements traditionnels. Alors que ceux-ci restent focalisés sur la dématérialisation de leurs processus actuels, il leur faut comprendre, d'urgence, que la « digitalisation » dont ils se vantent bruyamment relève d'une tout autre vision. Elle recouvre ainsi l'idée d'exploiter les opportunités technologiques afin d'appréhender les attentes (changeantes) de leurs clients et leur apporter (enfin !) des réponses optimales jusqu'alors impossibles à mettre en œuvre efficacement.