Album - Hearts and Hand Grenades - Turning To Ashes
par NoPo
Hearts and Hand Grenades - Turning To Ashes 2021
Les grenadiers bombardent leur communication de critiques de mags, toutes plus élogieuses les unes que les autres. Leur label Eclipse Records envoie la totale et ça se voit!
Le groupe américain de Buffalo (Etat de New-York), a l'habitude de rendre hommage par des reprises depuis 2012 plutôt que composer lui même.
Repérés par Robby Takac, chanteur bassiste des Goo Goo Dolls, ils enregistrent cet incipit avec Justin Rose, peu spécialiste du hard rock, ce qui donne un son plus fleuri, peu classique pour ce genre.
La voix énergique de Stephanie Wlosinski me rappelle un peu les intonations de Liv Jagrell, du groupe suédois Sister Sin, mais avec une agressivité moins exacerbée et un timbre du cru de Mötley (Vince Neil).
Cette énergie possède aussi le goût fruité à la pêche de DORO.
Sur la pochette, une harpie, aux cheveux longs en désordre, les yeux allumés et dans une robe grise et décolletée, parcourt la rue vide d'une ville au milieu de buildings où s'accroche le nom de l'album, à droite.
Une jambe nue devant l'autre et les bras déployés, elle semble semer des braises orangées autour de sa silhouette. Jeff Balance (oui, on peut le dire!), balance ce dessin dans le style mordant du premier Iron Maiden.
Après enquête, Tintin découvre que 'Heart like a Hand Grenade' provient de la chanson 'She's a Rebel' de Green Day et qu'elle inspire la pochette de 'American Idiot'! La furie sur l'art-work est-elle aussi une rebelle?
L'oeuvre traite principalement de relations humaines, difficiles et même toxiques, dégradées par un manque de respect de l'autre et de reconnaissance de soi-même.
L'album commence comme il s'appelle, dans des cendres encore chaudes. Un riff sombre s'annonce d'entrée. La voix de Stephanie s'élève, ardente, comme les nuées toxiques qui étouffent son assomption.
La rythmique installe un magma compact. La guitare place son riff en retrait jusqu'a l'éruption du solo, enlevé.
'For The Weakened' martèle lourdement, sous riff lancinant, dans les pas d'un Sister Sin. Au milieu, un pont planant surprend.
Les choeurs virils donnent une grande force à la compo (tout à l'opposé de l'intitulé) et finissent par l'emporter par un 'Raise your fist and yell' hurlé par la chanteuse!
'Daggers' tranche dans le vif par ses guitares saignantes et un solo étincelant. En cours de phrasé, Stephanie utilise fréquemment sa voix à vibration granuleuse qui donne plus d'intensité.
On retrouve cette technique tout au long des 8 titres.
Une intro lente, avec une combinaison de 2 guitares une basse, une jouant plus haut puis un léger gratté derrière, suggère Iron Maiden.
'I Hide' enchaine vite sur ce riff dramatique et sous-accordé, du plus bel effet, qui creuse, en saccades, une ouverture au refrain entraînant, ample, imparable...
La voix modulée, en plusieurs couches, accentue l'attrait de la mélodie.
Sur le second single, Stephanie crie 'Adrenaline' pour qu'elle revienne. Le texte exprime, en effet, leur envie de performances scéniques.
Des battements de coeur marquent le tempo devant le riff introducteur.
Cette piste, plus longue et louvoyante, donne du temps aux soli de guitare et se termine dans une accélération déjà tentée en cours de morceau.
'Nothing Left', le single, sort en tête pour présenter l'équipe sous ses meilleurs atours. Une gratte menaçante, façon mur du son, embraye sur un riff émoustillant et contagieux.
Le refrain, très attrayant, donne envie d'accompagner les choeurs à l'ouvrage (c'est bien de cela qu'il s'agit). Le solo tourbillonnant capte l'attention.
'The In Crowd' interpelle par ses ruptures de rythmes abruptes. Tout commence par une courte intro bluesy en balancements qui précède un passage énervé et très véloce, enveloppé dans des choeurs aériens.
Retour à la case départ, puis accélération à nouveau avant un magnifique solo de guitare vivifiant et échevelé. Cette plage chaotique correspondrait bien à l'ambiance de la pochette :
'I walk my streets in a tailored suit
I'm looking for trouble not looking for you
I got nine lives and I'm spending them like cash
In the face of danger I smile and wave
In the arms of terror I find my place
It's a song and dance with the best of them at last'
'My Sickness' débute dans un riff orageux très prenant. La suite ne déçoit pas par la mélodie addictive et la voix hargneuse.
Ici, carte blanche à la batterie qui s'en donne à coeur joie après un très beau solo de guitare.
Les roulements puissants explosent, combinés aux frappes giflées sur les cymbales, et achèvent le morceau sans pitié.
Ce final nous laisse sur une belle impression et nous tient en haleine.
La force principale de cet album, d'une indéfinissable séduction, vient de sa cohésion tant au niveau du jeu des musiciens qu'au niveau de la qualité constante des compositions (et même jusqu'à leur durée).
On aurait pu s'ennuyer mais, pas du tout, d'autant que le disque est court et efficace. Une certaine euphorie de jouer, très palpable, prédomine.
Pourtant, l'instrumentation n'en met pas plein les oreilles et la production n'en rajoute pas outre mesure. C'est d'ailleurs assez intrigant pour un album plus hard rock que métal (entre heavy rock et heavy metal).
Tout simplement, le coeur y est et la grenade musicale bien goupillée.
Line Up
Stephanie Wlosinski chant, basse
Kenny Blesy Guitare
Mike Bress Guitare
Tom Lafferty Batterie
Titres
Turning To Ashes 4:18
For The Weakened 4:06
Daggers 3:39
I Hide 4:23
Adrenaline 5:30
Nothing Left 4:10
The In Crowd 3:51
My Sickness 4:18