C’est le sujet d’actualité incontournable du moment. Et trois jours après la clôture du 6e Championnat d’Afrique des Nations de football (CHAN) organisé en terre camerounaise, le message du chef de l’Etat à la Nation n’y a pas échappé.
Comment aurait-il pu en être autrement, avec la magistrale démonstration faite par le Cameroun entre le 16 janvier et le 7 février dernier ? Paul Biya, en chef d’orchestre de cette remarquable organisation – les observateurs parlent de la meilleure édition du CHAN jamais organisée – devait bien tirer les leçons. Et son regard, loin de tout triomphalisme légitime est plutôt dans le style de l’homme. Tout en sagesse. Satisfait du travail accompli, mais déjà tourné vers un défi encore plus grand qui attend le Cameroun dans moins d’un an : la Coupe d’Afrique des Nations, le plus grand rendez-vous de football sur le continent, et l’un des plus suivis de la planète.
Ainsi, mercredi face à ses jeunes compatriotes, le président de la République a eu des mots très mesurés pour relever les bons points de la compétition qui s’est achevée dimanche dernier à Yaoundé. Car si l’organisation du CHAN était clairement « une belle opportunité de communion
avec l’ensemble de la jeunesse africaine et une vitrine pour exposer la vitalité du peuple camerounais », le Cameroun a su relever le défi avec la manière. Au point où même les habituels contempteurs du Cameroun ont dû ranger leur mauvaise foi au placard et reconnaître qu’on n’avait pas vu
un Championnat d’Afrique des Nations de ce niveau depuis la création de cette compétition par la Confédération africaine de football (CAF).
Même les commentateurs les plus acerbes habituellement n’avaient d’autre choix que de s’extasier devant les stades modernes et même futuristes que le pays de Roger Milla a mis à la disposition des compétiteurs et du public. Des enceintes à la beauté irrésistible à l’instar d’un stade de Japoma qui a séduit tout le monde ; des pelouses d’une excellente qualité qui ont permis aux acteurs de donner la pleine mesure de leurs capacités sur le terrain ; des commodités disponibles et de nature à mettre à l’aise l’ensemble des usagers ; un public au rendez-vous, confirmant qu’avant d’être
de fervents supporters de leurs équipes nationales, les Camerounais sont d’abord des amoureux de football, capables de faire de n’importe quel match, un festival populaire… Dans le contexte sanitaire qu’on connaît, il fallait le faire. Et le Cameroun comme le relève le président Biya, « a su tenir son rang, grâce notamment à la forte mobilisation de sa jeunesse, dynamique, talentueuse et enthousiaste ».
Pour le président de la République, la bonne tenue du CHAN est en tout cas un bon signal : « J’ai envie de dire que l’année 2021 commence sur une note positive pour notre jeunesse. Et je souhaite que cette bouffée d’oxygène ravive durablement l’espoir en chacun d’entre vous. » En clair, cette belle œuvre collective est bien le signe que de bonnes choses peuvent se faire au Cameroun en 2021. Malgré la crise du Covid-19, malgré les difficultés économiques, malgré les menaces sécuritaires. A l’exemple de l’organisation du CHAN, Paul Biya indique qu’il suffit d’un leadership éclairé et d’un esprit d’équipe pour déplacer les montagnes et tirer le maximum d’une situation qui n’était pas gagnée d’avance. Et justement à propos de leadership, le chef d’orchestre invite d’ores et déjà les musiciens à ne pas se contenter des anciens succès. Mercredi, Paul Biya a immédiatement sonné la mobilisation pour la suite. Même s’il est une compétition à part entière, le CHAN était perçu comme une répétition grandeur nature, avant la Coupe d’Afrique des Nations prévue en janvier 2022 au Cameroun.
Le rendez-vous est fixé et bien connu de tous. Et il importe dès à présent de se remettre au travail pour en faire une réussite encore plus belle que celle du CHAN. Et ce, d’autant plus que la CAN, reine des compétitions de football en Afrique est encore plus exigeante. Elle se déroulera sur six sites et non plus quatre comme pour le CHAN. Elle accueille 24 équipes et non plus 16. Ce qui demande donc encore plus d’efforts, avec notamment l’entrée en scène des villes de Garoua et Bafoussam qui n’ont pas pris part à la grande répétition du CHAN.
Mais aucune inquiétude ne semble effleurer l’esprit du président à ce sujet : « Je ne doute pas un seul instant que ce sera encore pour vous l’occasion d’exprimer votre dynamisme, votre talent et votre enthousiasme ». Au-delà du caractère flatteur, ces mots sont aussi un appel à plus d’ardeur au travail. Comme toute œuvre humaine, l’organisation du Championnat d’Afrique des Nations n’a pas été parfaite. Le Cameroun a une dizaines de mois pour rectifier le tir et offrir la plus belle Coupe d’Afrique des Nations jamais organisée. Il l’a déjà montré avec ce CHAN, et avant, avec la CAN féminine de 2016 : il en est largement capable. Et comme on sait que beaucoup de « critiqueurs professionnels » n’attendent qu’un faux pas pour remettre une couche de mauvaise foi, ce ne serait pas plus mal aussi de continuer à rabattre le caquet aux oiseaux de mauvais augure…