Des expatriés camerounais, dans l’hexagone, s’intéressent à la célébration ce jeudi, du « fer de lance de la nation ».
Nos compatriotes, en France, ont des avis partagés sur l’évènement : « Comment peut-on célébrer la jeunesse quand on ne fait aucun d’elle ? Un pays où les jeunes souffrent de tous les maux, n’intéressent les gens que pour des raisons clientélistes, peut-il se targuer d’être préoccupé du sort quotidien des jeunes générations ? C’est une honte pour les jeunes eux-mêmes et pour ceux qui prennent un malin plaisir à les manipuler ». Marie Lissouck, l’écrivaine d’origine camerounaise exilée à Paris, trouve pathétique et démagogique l’attitude du pouvoir de Yaoundé à feindre de rendre hommage à la jeunesse camerounaise, le 11 février. Ce jour-là, en 1966, 333.230 camerounais, anglophones et francophones, décidaient de se rattacher au Cameroun. Tandis que 244.037 camerounais choisissaient de faire partie du Nigeria. Dans cette optique, la fête de la jeunesse est le fruit d’une volonté de rapprocher les jeunes de ces deux parties du pays. C’est d’ailleurs le sens de la mission d’observation, la même année, dans la partie occidentale, du service de la jeunesse du Commissariat à la Jeunesse, à l’Education et au Sport.
« Répression, chômage… »
« Les jeunes camerounais ne peuvent même pas manifester pour dire leur mal être, pour contester un régime qui n’hésite pas à envoyer les forces de l’ordre contre eux à la moindre tentative de révolte. Comme lors des manifestations de février 2008, contre le projet de révision de la Constitution », constate l’écrivaine. De fait, 55 ans après la première fête de la jeunesse, l’unité ne l’est plus que de façade et le Cameroun, dont 66% de la population a moins de 25 ans, traverse plusieurs crises à commencer par la question du chômage des jeunes. Une enquête sur l’efficacité des services publics de l’emploi, au Cameroun, réalisée par des universitaires en 2019, indexe le fléau du chômage des jeunes générations camerounaises. « Près de 10% de la population jeune est au chômage et 2/3 des jeunes de moins de 35 ans sont intéressés par les questions d’emplois et le sous-emploi touche 70% des jeunes », selon le Pr. Benjamin Fomba Kamga, de l’Université de Yaoundé II.
« Promotion de l’excellence scolaire et académique »
Une réalité qui honore l’initiative de la Maison des Camerounais de France-Centre Franco-Camerounais (MCF-CFC). « Nous organisons, avec des associations d’étudiants camerounais de France, dans le cadre de la célébration de la Fête de la Jeunesse, une semaine consacrée à la formation, aux compétences et à l’excellence scolaire et académique des Camerounais de France », indique Abdelaziz Mounde Njimbam, Coordonnateur de la MCF-CFC. Lesobjectifs de cette semaine : « valoriser et mettre en perspective la pluralité et la qualité des parcours de formation et des performances académiques ; contribuer à l’amélioration des conditions d’études et de formation ; favoriser la mutualisation et le croisement des compétences ; contribuer à la fédération, au renforcement des compétences et des capacités des associations d’étudiants camerounais en France », puis « contribuer à la diffusion et à la mise en pratique de l’esprit d’entreprise ; soutenir le renforcement des conditions d’insertion durable en France, d’implantation au Cameroun ; contribuer au développement et à l’évaluation des coopérations scolaires, universitaires et dans le domaine de la formation, afin de favoriser un impact décisif dans la lutte contre la pauvreté, la création d’entreprises et le développement d’une culture efficace de l’innovation au Cameroun », confie encore Abdelaziz Mounde.
Et de souligner : « cette année, elle entre dans une phase plus concrète, renforcée par le développement du Programme Passerelles et Synergies des Camerounais de France de la MCF-CFC. Elle se traduira ainsi par l’amorce de la mise en place d’une fédération des associations d’étudiants camerounais de France avec une rencontre prévue à Rouen ; le lancement du programme de tutorat et de parrainage des étudiants par des cadres et chefs d’entreprise ; la création de trois junior-entreprises par des étudiants ; la facilitation de stages aux étudiants camerounais de France. Eu égard à la période difficile de Covid19, nous travaillons depuis de nombreux mois à fournir une aide à ces étudiants, au gel ou à l’allégement de leurs loyers par les bailleurs, afin de témoigner de notre solidarité avec les étudiants camerounais de France ».