Expression anglo-saxonne utilisée pour désigner le renouvellement, le plus rapide possible, des collections d'articles de la mode vestimentaire. Le fast fashion concerne le plus souvent des produits à prix peu élevés et qui ne sont pas destinés à être conservés d'une saison sur l'autre par l'acheteur. Le but est de traduire dans les meilleurs délais les tendances perçues de la mode à un instant t (ou mieux t-1), en proposant à la vente des produits représentatifs et accessibles, afin d'inciter au maximum au renouvellement de la garde-robe du client. Cela implique une réactivité maximale de la marque, une souplesse du processus de production (quick-response) et des flux logistiques tendus à l'extrême.
(définition proposée par le site www.e-marketing.fr)
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Tandis que les marques qui font le pari de vendre exclusivement en ligne se multiplient, l'achat de vêtements tient désormais pour beaucoup d'entre nous du loisir à part entière. Une tendance entretenue par les nouveaux acteurs de la fast fashion sur les réseaux sociaux qui, via un marketing subtil, rémunèrent les influenceurs pour placer leurs produits. Ces dernières années, des marques d'ultra fast fashion se sont même lancé le défi de produire et de livrer encore plus vite et moins cher que les vendeurs traditionnels. Mais leur efficacité se paie au prix fort.
En Grande-Bretagne, ces vêtements sont fabriqués dans des ateliers insalubres par des ouvriers payés la moitié du salaire minimum. Au-delà de son impact social, la fast fashion, deuxième industrie la plus polluante au monde, a aussi un coût environnemental. Même quand ce modèle industriel promet de s'amender en proposant une mode plus durable, sa facture écologique reste lourde.
Alors que 56 millions de tonnes de vêtements sont vendus chaque année dans le monde, les journalistes d'investigation Gilles Bovon et Édouard Perrin ont enquêté sur l'impact social, environnemental et sanitaire de ce commerce en plein boom. En Europe, aux États-Unis et en Inde, ils ont rencontré des acteurs du secteur - anthropologue, professeur d'économie, chercheur en neuromarketing... - et se sont infiltrés au coeur de l'industrie textile. Au Royaume-Uni, ils ont pu filmer des ateliers de fabrication illégaux et interviewer des personnes qui ont côtoyé de près la fast fashion (ex-styliste, influenceuse mode, ancien associé du fondateur de Zara...).
Le journaliste Édouard Perrin explique lors d'une interview avec Élise Pontoizeau :
"Aujourd'hui, vous pouvez, en restant chez vous, commander des vêtements quasiment sans vous en rendre compte et très rapidement via les différentes plates-formes ou les réseaux sociaux. On a réduit ce que les spécialistes du marketing appellent les "frictions", c'est-à-dire tous les moments qui pourraient freiner l'acte d'achat, pour faire consommer plus. Comme les vêtements sont moins chers, leur quantité vendue chaque année a explosé. Les filières de recyclage sont littéralement étouffées par la masse de textile à gérer. On a beau mettre nos vêtements usagés dans des bennes, s'ils ne sont pas suffisamment solides pour être réutilisés, ils ne seront pas recyclés. Ils le seront peut-être pour fabriquer autre chose, mais les dispositifs techniques sont soit non écologiques, soit non économiques."
"La fast fashion, qui consiste en un renouvellement très rapide des collections, a fait accélérer toute la mode classique, si bien qu'on en est aujourd'hui à l'ultra fast fashion. Elle a presque inversé, avec une rapidité surprenante, la tendance de ces cinquante dernières années à fabriquer les vêtements dans des pays du tiers-monde. En effet, certaines marques ne peuvent plus attendre des livraisons depuis l'Asie tant le système s'est accéléré. Elles ont donc réimporté des ateliers en Europe de l'Est, en Turquie et en Grande-Bretagne notamment, où les conditions de travail et les salaires des ouvriers sont à peu près dignes de ce qui se passe dans les pays pauvres. J'ai rencontré des acteurs du textile britannique qui me disaient avoir arrêté de s'approvisionner à Leicester parce qu'ils savaient ce qu'il s'y passait. Ils affirmaient avoir moins de difficultés à surveiller leurs usines au Bangladesh !"
Le documentaire "Fast Fashion, les dessous de la mode à bas prix" de Gilles Bovon et Édouard Perrin (Coproduction Arte France et Premières Lignes), riche de témoignages, dévoile et dénonce ainsi les dégâts sociaux et environnementaux d'une industrie qui brasse des milliards. Une enquête alarmante qui, on l'espère, éveillera les consciences et contribuera à freiner les acheteurs compulsifs, mais aussi les influenceuses et influenceurs mode aveuglés et manipulés par des industriels et marques pour qui seul l'appât du gain est important.
Une enquête à découvrir le mardi 9 mars 2021 à 20h50 sur la chaîne Arte. A découvrir également sur le site arte.tv du 2 mars au 9 juin 2021. Voir le teaser sur youtube.
ME