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[Critique] Malcolm & Marie

Par Wolvy128 @Wolvy128

[Critique] Malcolm & Marie

[Critique] Malcolm & Marie
Après la projection en avant-première de son dernier film, un cinéaste/scénariste (John David Washington) rentre chez lui avec sa petite amie (Zendaya). Alors qu’il est certain que son film rencontrera un succès critique et commercial, la soirée prend soudainement une tournure inattendue : les deux amoureux doivent affronter certaines vérités sur leur couple qui mettent à l’épreuve la force de leurs sentiments…

Disponible sur Netflix depuis le 5 février dernier, Malcolm & Marie est le dernier film de Sam Levinson, réalisateur/auteur très en vogue en ce moment avec la série Euphoria, dans laquelle on retrouve justement Zendaya en tête d’affiche. Tourné durant le premier confinement, le long-métrage décortique la complexité des sentiments amoureux à travers le règlement de compte verbal d’un couple en quête de vérité. Enchaînant les monologues plus que les dialogues, le scénario délivre un argumentaire passionnant, dépassant largement le seul cadre de la crise conjugale. Par l’intermédiaire des deux amoureux, Sam Levinson ne se contente effectivement pas d’aborder l’intimité d’un couple, il évoque également une multitude de thématiques contemporaines telles que la question raciale, la critique cinématographique, la politisation de l’art ou encore la facticité des œuvres (indépendamment de leur apparente authenticité). Autant de sujets qui rendent le film extrêmement vivants et stimulants. Non seulement ceux-ci se greffent de manière tout à fait naturelle aux échanges du couple, grâce notamment à l’intelligence de l’écriture, mais ils apportent également de la profondeur à un récit qui aurait certainement lassé sur la durée s’il n’avait exploré que sa seule dimension romantique.

[Critique] Malcolm & Marie
Absolument captivant sur le fond, le film l’est tout autant sur la forme, Sam Levinson parvenant avec brio à éviter les écueils du huis clos dans sa mise en scène. Malgré les nombreuses contraintes inhérentes au genre, à commencer par celle du lieu unique, le cinéaste livre en effet une réalisation inspirée, renouvelant constamment ses plans. Des plans qui subjuguent littéralement par leur sens du cadrage et leur manière de s’inscrire dans la demeure d’un point de vue purement architectural. Pas étonnant, dès lors, que la maison (filmée sous tous les angles) s’impose finalement comme un élément à part entière de l’histoire. Ajoutez à cela une photographie en noir et blanc sublime et une bande son particulièrement maîtrisée, et vous obtenez une œuvre techniquement savoureuse. Nul doute qu’en d’autres mains, une telle histoire n’aurait pas procuré un tel plaisir sur le plan visuel/sonore. Enfin, comment terminer cette critique sans évoquer la performance magistrale des deux acteurs. Complètement habités, ils délivrent une interprétation totale, faite d’envolées lyriques, de colères viscérales, de reconnaissances discrètes ou encore de vulnérabilités désarmantes. A l’image du scénario, ils proposent tous deux un jeu d’une incroyable densité. Mention spéciale à Zendaya, impressionnante dans tous les registres.

Avec Malcolm & Marie, Sam Levinson signe donc un huis clos romantique remarquable, aussi passionnant sur le fond qu’éblouissant sur la forme. Dépassant largement le seul cadre de la crise conjugale, le film décortique la complexité des sentiments amoureux à travers plusieurs problématiques profondément contemporaines. Un petit chef d’œuvre, porté par un duo d’acteurs en état de grâce.


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