À lire une présentation de l'acteur dans la presse française de 1869, on comprend le désir du roi de Bavière, et sa probable frustration devant le refus essuyé :
Ernesto Rossi est un des plus grands comédiens de l'Europe ; il a le style, la jeunesse, la force, la science et la souplesse ; le style, parce qu'il a le goût ; la grâce, parce qu'il a la jeunesse ; la science, parce qu'il a la foi ; la souplesse, parce qu'il a la beauté. Ernesto Rossi est poète, et grand poète aux heures beaucoup trop rares que l'exercice laborieux de son art lui laisse; nulle grande littérature de l'Europe ne lui est étrangère; Shakespeare, Lope de Vega, Calderon, Camoëns, Torquato Tasso, Schiller, Goethe et Molière lui sont aussi familiers que Goldoni, Macaulay, Pope, Chatterton, Dryden, Scribe, Victor Hugo et Sardou. De littérature européenne, ancienne et moderne, de théâtre universel, il n'ignore rien et n'en est pas moins modeste. Il égale Salvini, Montano et Ristori dans le répertoire tragique, et nos meilleurs acteurs de drame ne le surpassent pas en souplesse et en sentiment ; tour à tour Struensée, Hamet, Otello ou Schillock; jeune premier par la tendresse, premier rôle par la passion et la force, grand et incomparable artiste par la variété des incarnations scéniques, auxquelles il sait donner une vie, une couleur, un accent, une physionomie dont peu seraient capables. [...] astre de première grandeur, étoile voyageuse, nous allions dire vagabonde, E. Rossi domine de si haut tout ce qui l'entoure, qu'il n'en est pas un de sa compagnie qui ne disparaisse dans son prestigieux rayonnement; pourtant, quelques-uns ne manquent certes pas de mérite.in L'Indépendance dramatique du 15 mai 1869