Je lis Proust. Je l'ai découvert tôt dans ma vie. Curieusement, mon sentiment à son endroit ne change pas. Ce qui m'est désagréable depuis le début, c'est ce qu'il dit des femmes. Ça sonne faux. Ce qui s'explique (ce que je ne savais pas il y a 50 ans) par le fait qu'il était homosexuel. Dommage qu'il ait parlé d'homosexualité chez les autres, mais pas chez lui.
En fait, c'est un gosse de riche irresponsable, qui m'horripile, mais je suis fasciné par ses descriptions. J'ai l'impression de les vivre.
Le plus curieux est, qu'apparemment, il a voulu démontrer que la vie et l'oeuvre n'ont rien à voir, alors que, chez lui, elles sont inséparables. Et que, bien plus que celle d'Oscar Wilde, sa vie a été une oeuvre d'art. Un tour de force pour un homme qui est resté au lit.
Mais, ce qu'il n'a peut-être, surtout, pas compris, c'est l'influence de la société. Car, on retrouve chez lui les préoccupations de Bergson avec le temps. Mais aussi celles de Tolstoï et de Virginia Woolf, concernant la description de l'instant. Peut-être ce que l'anthropologue Clifford Geertz appelle "thick description".
A défaut de voyager dans l'espace, voyageons dans le temps ? En notre ère de "globalisation" c'est un bien meilleur moyen de se dépayser ?