Ouhlala qu'il fait chaud sous la tente. On serait bien restés dormir un peu plus, Stéphane et moi, mais non, c'est impossible. L'ombre ne recouvre pas encore notre tente, puis la chaleur s'est de toute façon installée dedans.
Le programme de "l'avant-concerts" consiste en une expédition "achat de nourriture", puis une sieste réparatrice sous un arbre accueillant. Puis je me suis dirigé avec mon collègue Jude vers la zone VIP et l'attachée de presse, pour voir ce qu'il était possible d'avoir comme interview. Elle nous apprend qu'on aurait pu avoir des interviews la veille (c'est balo de le savoir maintenant), et que sinon, on peut s'inscrire pour les artistes volontaires. Rendez-vous est donc pris avec Patrick Watson pour 17h.
Jusqu'à cette heure-ci ? Ben...pas grand-chose en fait. On discute avec Jude, on traque l'ombre, on attend aussi que les buvettes ouvrent, mais comme le site n'ouvre en réalité qu'à 16h, on n'a pas à boire. Alors, on prend notre mal en patience, jusqu'à aller faire l'interview avec Patrick Watson.
Au même moment, les français de Hushpuppies jouent, mais ça n'empêche pas l'interview de bien se dérouler, grâce à la bonne humeur de Patrick Watson et son groupe, très abordables et sympathiques. Il devrait y avoir une vidéo de cela d'ici quelques temps sur POPnews, vous en saurez plus à ce moment-là.
Le premier concert de la journée sera donc celui des jeunes Bordelais de Kid Bombardos. J'avoue que j'ai plus de mal à être fan de ces groupes, très (trop ?) inspirés par The Strokes et autres "groupes en The". Ce n'est pas désagréable, pour sûr, mais je n'ai pas envie d'entendre ça, ça ne me parle pas vraiment comme musique. D'après certaines personnes présentes, ils ont d'ailleurs fait de bien meilleurs concerts que celui-ci, donc j'espère les revoir dans d'autres conditions.
Ensuite, c'est Mademoiselle K qui investit la grande scène, je n'écoute que d'une oreille très distraite, mais j'ai quand même l'impression que le set, les interventions avec le public sont les mêmes qu'au Furia (ce n'est pas illogique non plus, attention), mais un coin d'ombre s'est avéré préférable. Et en plus, on a pu être à la barrière (ou presque) pour Patrick Watson.
La voilà la baffe du samedi. Il fait beau, et encore très chaud quand le Québécois commence son set, mais sa musique touche directement au coeur, c'est somptueux, passionné (il est complètement ailleurs quand il chante et joue), brillant dans la musique. "Luscious Life", "Close to Paradise", "Giver" : tout cela est juste beau. Comme aurait dit notre accompagnateur de Eurockéennes (ceux qui ont pris le bus de Bordeaux se souviendront) "Patrick Watson, ça prend là !" : ouais, c'est ça. Ah si, un bémol : que c'était court. Mais ça, c'est même pas sa faute !
Expédition frites pour échapper aux envahissants The Do. Expédition compliquée et mal gérée, car l'affaire prendra la bagatelle de 15 minutes pour 2 pauvres barquettes, à un stand débordé par la foule (bon, ok, il y avait 10 personnes).
Finalement, c'est un retour vers la petite scène qui s'amorce pour voir The Bellrays. Foule compacte, chauffée à blanc, aux looks parfois détonnants (ou de mauvais goût c'est selon...), et le combo de Détroit débarque là-dedans comme dans un jeu de quilles : strike ! "Detroit Breakdown" pour débuter, puis bien d'autres déflagrations qui ne laissent pas souffler. Lisa Kekaula est perchée sur des talons immenses, arbore une coupe affro vertigineuse, et rugit comme d'habitude. On peut quand même reprocher au groupe de n'avoir jamais levé le pied, ou presque, gommant ainsi leur composante soul pourtant intéressante sur disque. Mais le but semblait très clairement d'en foutre plein la tête en un minimum de temps, 40 minutes : c'était indéniablement réussi !
D'ailleurs, sur la grande scène, dans le genre excités, je vous propose The Hives. Ils débarquent, bien sûr accoutrés comme d'habitude (chemises noires, tout ça), entament le set à fond les manettes avec "Hey Little World" suivi de "Main Offender". Aucun doute : si leur spectacle semble fou (ils le semblent tous sauf la basse et le guitariste rythmique), c'est aussi très calibré, carré et soigneusement préparé. Howlin Pelle est de surcroît moins soûlant qu'à Rock en Seine, versant moins dans l'autopromotion, même s'il ne se prive pas pour nous demander "Do you love The Hives?" et lui de nous dire "Vive la France, vive Angouleme" blablabla. Mais il faut lui reconnâitre aussi quelque chose : il ne se gourre jamais dans ce qu'il fait, comme tout le groupe. Ils débitent du punk rock à fond les ballons, mais tout en maîtrise. Ils ont en plus un énorme balluchon de titres surpuissants, et comme ils sont courts ils en jouent plein (et oui, je suis super observateur et logique). Je retiendrai à titre personnel "A Little More for a Little You", "Die, All Right", "Tick Tick Boom"...mais mille fois hélas, "A.K.A. I.D.I.O.T." n'a pas été joué (d'ailleurs, aucun titre de Barely Legal ne l'a été). C'est le seul regret : par contre, coup de chapeau à Howlin Pelle quand il a escaladé le pylône de lumière, sous l'oeil affolé des techniciens. Le tout sans arrêter de chanter...
Ce sera de loin que j'entendrai Adam Green sur la petite scène. Heureusement, même à 30m on entend bien, et c'est très agréable comme concert, naviguant entre pop, folk et parfois big band. Il semble passer un bon moment, et j'avoue que c'est mon cas aussi, même si la plupart (presque tous) des titres me sont inconnus ou presque.
Problématique différente pour Iggy Pop & The Stooges, tête d'affiche majuscule du festival. Mais pour autan, j'avoue que je n'ai pas été bluffé par l'Iguane, c'est le moins que je puisse dire. Oui, il gigote comme avant (je suppose), son groupe envoie leur punk primitif sans problèmes (ça n'a rien de compliqué côté mélodies), mais j'ai l'impression d'assister à un spectacle, avec ses passages obligés, mais aussi un côté faussement subversif. Qui n'a jamais vu Iggy se déhancher ? Faire ses "Whaouh" dans le micro ? Je ne comprends ni l'enthousiasme, ni la fascination qui existe pour Iggy Pop : certes, c'est une légende, mais d'autres ont bien mieux vieilli et ont développé un autre aspect dans leur musique. Partant de ce constat, c'est évident que ce sont de vieux titres comme "No Fun" (avec plein de gens du public sur la scène, là encore comme d'hab), "I Wanna Be Your Dog" ou "T.V. Eye" qui marchent le mieux. Le reste est quand même bien médiocre, puisant dans le répertoire solo de l'Iguane ("Little Electric Chair", "Skull Ring") avec peu de réussite. Ah, summum du rebelle : il a cassé dans les 5 pieds de micro, a fait mine de baiser l'ampli. Mais qui c'est que cela traumatise encore ? Qui peut trouver ça subversif ? Ah, et enfin, rejouer "No Fun" (ou "I Wanna Be Your Dog" ? Je ne sais plus, j'ai pas trop fait gaffe) à la toute fin du show, je trouve ça un peu navrant, et ça sonne comme un aveu d'impuissance...
Pour le coup, j'ai trouvé le DJ Set de Peaches bien plus tripant. Elle remixe certains de ses titres (apparemment) mais croit à 100% à ce qu'elle fait, montant sur la table où elle a ses joujous. J'aurai du mal à en dire plus, mais c'était excellent, dansant, à la fois violent et crade, idéal pour une dernière suée avant...
Birdy Nam Nam sur la grande scène. Bim bam boum : c'est du gros son, ça pulse et la foule danse comme une seule personne. Pas de démonstration technique, au contraire, tout est calibré pour que la foule s'enflamme, ce qui est le cas. Ils s'excitent sur leurs platines et j'en redemande. Même si cela n'a pas grand chose à voir, je retrouve la même énergie que Daft Punk aux Eurockéennes en 2006. Même si un des DJ est un peu fatigant à gueuler "Angoulême, faites du putain de bruit !", le kif est là, total et purement physique. J'imagine assez mal ce que ça donne sur disque, mais forcément, ça ne peut être que moins bien.
C'est donc ainsi que se termine cette troisième édition de la Garden Nef Party. Un gros succès, tant d'un point de vue de la fréquentation que d'un point de vue artistique. Le festival va pouvoir encore grandir, peut-être passer à 3 jours, mais chapeau bas en l'état à l'équipe de la Nef pour cette totale réussite. A l'année prochaine !
Lien utile vers le dossier du journal La Charente Libre, avec vidéos du festival, et autres reportages