Les blocages à la gratitude
L’un des blocages est la place de notre mental au dépend des dimensions du coeur. Il ne s’agit pas d’en choisir une au dépend de l’autre, mais de leur donner une place et une valorisation égale dans nos processus. La bienveillance, comme dans toutes pratiques de transition intérieure, est de mise. Ce qui aide dans ce cas, c’est d’être en capacité d’expliquer pourquoi nous la célébrons afin de rendre les personnes libres de choisir en conscience d’ y participer ou non. Aussi, au niveau individuel et collectif, ritualiser les pratiques de gratitudes nous aide à bénéficier des bienfaits exprimés ci-dessus.Dans de tels espaces, «parfois la gratitude vient facilement. Si tout va bien ou qu’il vous arrive quelque chose de bon, l’appréciation et la reconnaissance peuvent couler de source. Quand le ciel s’assombrit, chercher des raisons pour vous sentir reconnaissant pourrait, dans un premier temps, susciter un sentiment d’inconfort proche du déni. Mais il n’y a pas de raison de se sentir reconnaissant pour tout ce qui se passe. Il s’agit plutôt d’admettre qu’il y a toujours un panorama plus vaste, une vision plus large composée à la fois d’aspects positifs et négatifs. Pour nous permettre de reconnaître clairement les éléments difficiles et d’y réagir de manière constructive, nous devons puiser dans nos ressources qui font ressortir le meilleur en nous. La gratitude mène à cela. Nous pouvons nous entraîner à puiser dans cette ressource à tout moment». (p. 81)
Nos représentations socio-culturelles peuvent également nous bloquer. Comme le dit Joanna Macy : «Dans la culture dominante, on estime que la gratitude est une politesse, et non pas une nécessité. Dans d’autres cultures et spiritualités, l’histoire est bien différente. Notre bien-être dépend du monde naturel et la reconnaissance nous lie à notre but qui est de prendre soin de la vie». S’autoriser à se désaculturer au service de la culture du changement de cap est l’un des enjeux de la transition intérieure.
La gratitude nous motive à agir pour notre monde
Ainsi, la gratitude est l’une des voies pour désapprendre une part de notre rapport au monde qui est destructrice. Joanna nous l’explique en ses mots :«Un producteur de bois a déclaré un jour qu’en regardant un arbre, tout ce qu’il voyait était un tas d’argent sur une souche. Si nous considérons les arbres comme nos alliés qui nous aident, nous voudrions devenir leurs alliés. Cette dynamique nous entraîne dans un cycle de régénération, dans lequel nous prenons ce dont nous avons besoin pour vivre, mais nous donnons aussi en retour. Parce que notre culture industrialisée moderne a oublié ce principe de réciprocité, les forêts continuent à rétrécir et les déserts à croître. Pour contrer cette désintégration, développons donc une intelligence écologique qui reconnaît que notre bien-être personnel dépend du bien-être du monde naturel».
La gratitude, pilier de toutes les traditions spirituelles, nous montre une des voies pour sortir de la société de consommation. Elle nous montre à voir tout ce qui nous est donné par les autres et par le vivant. Son partage ouvre les coeurs et crée de la confiance dans les groupes. En collectif, il nous permet de reconnaître nos singularités universelles, accueillant nos différences comme une richesse et la confiance que nos différences sont entendues et valorisées.
La gratitude est un des piliers central de la culture émergente au service de la Transition. Elle cache en son sein la capacité de maintenir notre enthousiasme au service du changement positif, de nous faire prendre conscience de l’abondance en nous et autour de nous et de guérir nos relations autrefois basées notamment sur l’anthropocentrisme, l’ethnocentrisme, le racisme et le sexisme. Une fois affirmée, nous sommes mieux à même d’aborder les émotions inconfortables et douloureuses liées à la destruction de la vie sur terre.
Ainsi, choisir une posture de gratitude est une compétence qui s’apprend et qui s’améliore par la pratique. Cela ne dépend pas du bon déroulement de la vie, ou de recevoir des faveurs des autres. C’est apprendre à mieux repérer ce qui est déjà là
Exprimer sa gratitude, c’est faire du bien aux autres autant qu’à soi, se connecter au vivant et faire un pas de plus sur le chemin de la transition.
Outils pratiques
Concrètement, comment mettre en place des moments et des espaces d’expression de gratitude ?En posant des questions ou en accompagnant une méditation : Par exemple :
- Réfléchissez- sentez si vous avez de la gratitude pour quelqu’un ou quelque chose ? Sentez- vous un merci monter en vous pour une personne qui fait que vous êtes là aujourd’hui (à suivre ce Mooc) en transition intérieure ? (quelqu’un qui garde vos enfants ou vous-mêmes qui avez su protéger cet espace pour apprendre au service de la transition), etc.
- En faisant une balade guidée dehors à la recherche de tout ce qui nous est offert : oxygène, chaleur, beauté, soutien, etc. Lors d’atelier ou de formation, l’affirmation de la gratitude commence en accueillant chaque personne qui arrive avec un salut chaleureux et une attention d’inclusion. Joanna nous dit : «Considérer chaque personne comme un cadeau aide à éprouver de la joie. Nous prenons ensuite un moment pour évoquer l’amour que nous partageons envers la vie sur Terre, sans toutefois étiqueter ce processus comme une « affirmation ». Cela produit un effet de relaxation et de vivacité, et sert de fondement régénératif pour tout ce qui suit. Cela permet aussi de faire remonter notre douleur pour le monde, car savoir ce que nous chérissons déclenche la reconnaissance de combien cela est menacé» .
- En récoltant les pépites de la journée : qu’avons-nous appris ? qu’ai-je reçu ? qu’ai-je donné ? qu’est ce qui nous a soutenu ? Quel est mon coup de cœur ?
- Ce qui peut aussi nous aider pour pratiquer la gratitude et la reconnaître est d’utiliser les 3 niveaux de reliance à guérir dans notre monde aujourd’hui :
- Gratitude vis-à-vis de soi-même : remercier et reconnaître ses ressources intérieures.
- Gratitude vis-à-vis des autres : remercier et reconnaître que ce n’est pas seul qu’on y arrive et sentir l’abondance de soutien.
- Gratitude vis-à-vis des autres qu’humains : tout ce qui nous permet de vivre, les végétaux, les animaux, le soleil, l’oxygène, les champignons, les bactéries, etc.
Ces temps de récoltes changent tout, ne pas les oublier en chemin c’est incarner la transition intérieure.
Extrait du Mooc Transition intérieure de l'université Colibris---------------------------