Y aura-t-il pour de vrai un « matin » ?
Y a-t-il ce qu’on appelle un « Jour » ?
Pourrais-je le voir des montagnes
Si j’étais aussi haute qu’elles ?
A-t-il des pieds comme les Nénuphars ?
Des plumes comme un Oiseau ?
Nous vient-il de pays fabuleux
Dont je n’ai jamais ouï parler ?
Oh, un savant ! Oh, un Marin !
Oh, un sage venu des cieux !
Qu’il dise à une petite pèlerine
Où se trouve le lieu nommé « matin » !
*
Will there really be a “morning”?
Is there such a thing as “Day”?
Could I see it from the mountains
If I were as tall as they?
Has it feet like Water lilies?
Has it feathers like a Bird?
Is it brought from famous countries
Of which I have never heard?
Oh some Scholar! Oh some Sailor!
Oh some Wise Man from the skies!
Please to tell a little Pilgrim
Where the place called “morning” lies!
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Emily Dickinson (1830–1886) – Car l’adieu, c’est la nuit (Poésie/Gallimard, 2007) – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Claire Malroux.