Que devient l’apocalypse en ces temps de covid ? C’est devenu un monde de zombis. Le cinéma a exploité à l’envi les zombis comme métaphore du consumérisme aveugle à l’ère du capitalisme tardif, à commencer par la scène mythique du centre commercial dans le Dawn of the Dead de George Romero [Zombie, en français, 1978], où l’on se croirait dans un reportage du JT sur les soldes du Black Friday pré-Covid.
Il semblerait que les pratiquants du vaudou, les faiseurs de zombis savent utiliser cette molécule et d’autres sans doute pour détruire la conscience d'un individu afin de la rendre corvéable à merci. Depuis on y a mis un peu de pandémie.
Dans Le Réalisme capitaliste. N’y a-t-il pas d’alternative ?Mark Fisher recourt lui aussi à la métaphore du zombie pour décrire le rythme aveugle du travailleur : le capitalisme “fabrique des zombies”, et “c’est notre chair vivante qu’il convertit en travail mort, et c’est nous qui sommes les zombies auxquels il donne naissance”. De là à imaginer que l’une ou l’autre de ces zombifications (le travail mort de Fisher, ou le loisir mort de Romero), loin de la métaphore, s’intensifie au point de nous laisser très concrètement sans conscience, il n’y a qu’un pas, et on le frachit aisément.
Bon. J’arrête ici ? Non. Encore un petit bout de l’article de Courrier. C’est ce qu’ont imaginé la nouvelle de E. M. Forster La machine s’arrête ou le film d’animation Wall-E, et c’est un scénario d’avenir extrêmement plausible, à mi-chemin entre apocalypse zombie et apocalypse par victoire de l’intelligence artificielle. Oui, un peu d'IA ne peut pas faire de mal pour activer un bonne apocalypse.