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Portrait de Catherine II vers 1763, par Fiodor Rokotov
Une femme aimée, d'Andreï Makine, raconte l'histoire d'un cinéaste, Oleg, fasciné par l'histoire de Catherine II de Russie, et souhaitant en faire un film.
Le roman oppose deux périodes : la première, à l'époque soviétique, montre notre personnage aux prises avec le Politburo, la censure, et comment, parfois, il pouvait trouver des complicités inattendues (en l'espèce un historien "officiel" qui parvient à déjouer les censeurs), et à tourner malgré tout... La seconde se déroule après la chute du mur. Les "oligarques" ont pris le pouvoir, et une autre sorte de censure s'exerce désormais : l'argent, la volonté de plaire à un public avide de divertissement et de sexe, la bêtise triomphante...
Et en contrepoint, la vie de Catherine, jeune princesse allemande exilée en Russie, exerçant le pouvoir et multipliant les amants, et pourtant, une femme à qui il manqua souvent l'essentiel : être aimée... Une seule éclaircie dans cet océan de violence : Lanskoï, le seul amant désintéressé, avec qui Catherine rêva peut-être d'une évasion, d'un voyage... mais qui mourut très jeune.
De tout cela il ne reste que le sentiment que la Russie d'après le mur, somme toute, dans sa violence sauvage et débridée, son amnésie et sa bêtise, est pire que celle d'autrefois... Un beau roman mélancolique et passionnant.