Du fait de plusieurs facteurs, ce secteur reste l’un des terreaux les plus fertiles aux activités de blanchiment de capitaux.
C’est le secteur incontournable par lequel finissent les différentes transactions visant à blanchir l’argent acquis de manière illégale. Les résultats de la toute première évaluation nationale des risques (ENR) publiés récemment confirment cette thèse en révélant que le risque est élevé pour les banques et des établissements de microfinance. «Le secteur bancaire présente une menace élevée de blanchiment de capitaux du fait de l’importance des flux financiers, de la nature et de la diversité des produits offerts. Le secteur de la microfinance regroupe 531 établissements toutes catégories confondues en juin 2017. Ce chiffre en lui seul constitue déjà une menace élevée de blanchiment de capitaux.
Cinq produits et services bancaires sont particulièrement utilisés pour ces opérations: les comptes courants, les virements internationaux, les opérations de change manuel, les services de transfert rapide de fonds et les bons de caisse. « Les comptes courants, au regard de nombreuses possibilités qu’ils offrent en matière de transactions financières, sont fréquemment utilisés par les délinquants pour masquer les flux financiers d’origine illicite. Faisant office de pivot entre le client et la banque, les comptes courants encore appelés comptes chèques ou comptes de dépôts à vue, centralisent les versements et retraits en espèces, les encaissements et paiements utilisant tout autre moyen de paiement que les espèces, etc.».
Il y a également la fraude à la carte qui constitue un nouvel outil pour les blanchisseurs. La démarche est simple. Des montants assez élevés sont déposés dans des comptes au Cameroun, puis retirés sur des terminaux et distributeurs à l’étranger par des cartes à débit immédiat émises localement. Des montants souvent bien au-dessus des différents seuils fixés par la règlementation des changes dans la Cemac et l’Instruction relative aux conditions et modalités d’utilisation à l’extérieur de la Cemac des instruments de paiement électronique.
Les blanchisseurs vont de plus en plus vers les établissements de microfinance du fait de l’absence de mécanisme de contrôle. « Les établissements de microfinance n’ont pas encore véritablement mis en place des systèmes qui permettent de déceler les opérations fictives. C’est pour cela que les blanchisseurs y vont de plus en plus», témoigne une source bien introduite. Les banques par contre participent au combat contre le blanchiment de capitaux. En 2019, 529 déclarations de soupçons ont été émises. En 2018, elles étaient de 616.