Je voudrais partager avec vous ce beau texte écrit par une amie, Luciana Gouveia, au sujet de mon zine "Dans un souffle la nuit", disponible sur https://www.blurb.com/b/10435788-dans-un-souffle-la-nuit
Cher Paulo, ayant terminé la lecture de ton Zine, je me suis permise d'écrire ces quelques mots. Quel beau recueil tu nous lègues!
Je viens à l’instant de refermer le Zine de Paulo Jorge Lobo Dans un souffle la nuit. C’est un recueil hybride, intime qui, dans un élan de confession, fusionne photographies et pensées.
Je suis emportée par ce besoin simple et sincère de remercier l’artiste de m’avoir proportionné des instants de recueillement tumultueux. Visons une tentative de définition. Paulo, est-il un auteur qui, grâce à ses pensées, parvient à animer les images figées ? Paulo, est-il un photographe, qui, grâce à ses clichés, parvient à faire resonner une conscience linguistique ? Paulo, n’est-il pas avant tout un homme pourvu d’une infinie sensibilité ? Bien que nous ne puissions l’associer à aucune case générique déterminée, il les emplie toutes. Il est, en ce sens infiniment, poétique. Je tenais à le remercier pour cette double confiance qu’il nous octroie en faisant de nous, à la fois des témoins et des lecteurs. Il nous permet ainsi de sonder un peu mieux cette substance qui nous sert d’âme, une substance particulièrement complexe, parfois sombre mais toujours polyphonique.
Ce recueil surgit telle une aigrette qui danse au printemps, portée au gré du vent et du destin. Parmi la multitude de choix de lectures qui s’offraient à moi quotidiennement, le Zine s’est posé délicatement sur ma table de nuit, précédant de cette façon le monde des rêves. Les mots et les photographies sont, dans cette composition, des parcelles de réel devenu véritable langage. En effet, le moindre détail du réel qui au quotidien nous semble insignifiant, dépourvu de sens et de son, devient, dès qu’il est saisi par Paulo, significativement non signifiant. Il crée un langage qui devient le noble gardien d’un incessant mouvement, d’impulsions qui oscillent constamment d’une frontière à l’autre. Le noir, la nuit, les tonalités obscures n’ont jamais été aussi gorgés d’émotions. Je comprends ceux qui, à première vue, se sentent déroutés par un tel recueil. La question s’impose à nous qui sommes des êtres avides de cohérence: quel sens donner à tous ces fragments ? L’œil impressionniste de l’artiste est ici mis en valeur. Tél un cinéaste, à travers une vision esthétique du discontinu, il s’empare des mots mais également du réel pour façonner une harmonie certes déroutante mais toujours accomplie. Il saisit, par la force de sa plume et de son appareil, les « instants décisifs ». Il capte le fragment, l’instant, la vérité.
En même temps qu’il avance dans une esthétique du discontinu et qu’il saisit ainsi sa conception du monde dans un élan d’originalité, de plénitude et de sincérité, Paulo nous offre toute sa confiance. Il nous offre cette opportunité vertigineuse de saisir l’entre-deux. Tout d’abord guide, il s’efface petit à petit sans jamais disparaître. Il ne sacrifie pas la beauté à une préoccupation didactique vide, il partage son intuition pour nous permettre de mieux saisir la nôtre. En cela il donne écho aux paroles de Julien Gracq : « On se préoccupe toujours trop dans le roman [dans la vie] de la cohérence, des transitions. La fonction de l’esprit est entre autres d’enfanter à l’infini des passages plausibles d’une forme à une autre. C’est un liant inépuisable. Le cinéma au reste nous a appris depuis longtemps que l’œil ne fait pas autre chose pour les images. L’esprit fabrique du cohérent à perte de vue. » Le Dans un souffle la nuit est ainsi la fabrication achevée d’un mouvement continu.
Signé : Luciana Gouveia
Merci de tout mon coeur Luciana !