A l’occasion du challenge du « Januhairy » invitant les femmes à se laisser pousser les poils pour lever les tabous pesant sur la pilosité féminine, le Pôle « Genre, sexualités et santé sexuelle » de l’Ifop a mené pour la plateforme de santé sexuelle Charles.co une enquête mesurant l’évolution de la pratique du « No Shave » (absence de dépilation) dans un contexte général marqué par l’essor de « tendances beauté » – comme le « No Poo » (absence de shampoing), le « No Make-up » (absence de maquillage) ou le « No Bra » (absence de soutien-gorge) – exprimant le même besoin de s’affranchir des normes de beauté féminine. Réalisée auprès d’un échantillon national représentatif de taille conséquente (2 000 personnes), cette enquête met ainsi en exergue un recul sans précédent des pratiques dépilatoires en France même si la pression à la dépilation pèse toujours beaucoup plus sur les corps féminins que masculins.
Vers un retour du poil pubien ?
Le nombre de femmes ne « s’épilant » pas du tout le pubis a doublé en huit ans
La pratique du « No Shave » a doublé en huit ans (28% en 2021 contre 15% en 2013) avec une proportion de Françaises ne s’épilant pas ou plus du tout les poils du maillot qui s’est accrue de manière continue en huit ans. Ainsi, si les confinements ont sans doute créé des conditions propices à cette tendance (en hausse de 4 points par rapport à une mesure prise avant l’apparition du Covid-19), la crise sanitaire n’a fait qu’accélérer un « retour du poil » déjà perceptible depuis quelques années.
Les femmes n’en restent pas moins soumises à une injonction au glabre nettement plus forte que les hommes
Malgré cette évolution notable, les femmes restent soumises à une pression à la dépilation nettement plus forte que les hommes : seuls 21% hommes hétérosexuels apprécient les pubis féminins avec tous leurs poils, soit un niveau d’acceptation à leur état naturel beaucoup plus faible que ce que l’on observe pour les pubis masculins lorsqu’on interroge les femmes hétérosexuelles (41%) sur le sujet. Révélatrice du regard particulier de la société sur le poil féminin, cette différenciation entre les sexes transparaît tout particulièrement dans l’injonction à l’épilation intégrale qui s’avère deux fois plus pesante pour les femmes (32%) que pour les hommes (14%).
Pratique dépilatoire des hommes et des femmesL’épilation intégrale progresse ainsi de manière continue chez les femmes depuis 2013
Cette « pression » n’est sans doute pas étrangère au nombre croissant de Françaises s’épilant totalement le maillot… Avec un quart d’adeptes (24%), la pratique de l’épilation intégrale apparaît ainsi en nette progression en huit ans (+10 points en moyenne par rapport à 2013). Et en regardant les chiffres au plus près, il apparaît que cette pratique popularisée par les films X n’est plus l’apanage des jeunes de moins de 25 ans (56%) mais qu’elle s’est aussi diffusée aux femmes de 25-34 ans (48%, +22 points) et de 35-49 ans (31%, +20 points).
Des pratiques dépilatoires des Françaises de moins en moins fréquentes, notamment depuis le confinement
Une baisse globale de la fréquence des différentes pratiques dépilatoires
La tendance à une plus grande acceptation du poil féminin se retrouve dans d’autres indicateurs qui tendent à montrer une dépilation moins intensive. Par rapport à une enquête menée il y a huit ans, les résultats de cette étude mettent ainsi en exergue une baisse significative chez les Françaises de l’épilation des aisselles (81%, -10 points), des jambes (80%, -12 points) ou du maillot (75%, -10 points). La fréquence de dépilation des corps féminins reste sans commune mesure à ce que l’on peut observer pour les hommes : à peine un homme sur dix s’épilent au moins une fois par semaine les aisselles (10%, contre 45% des femmes) ou le maillot (11%, contre 28% des femmes).
Voir l’étude complète ici
Un « effet confinement » important, notamment chez les jeunes et les femmes en télétravail
Si la crise sanitaire n’a pas amené toutes les Françaises à jeter d’un coup au placard leur rasoir ou leurs cires dépilatoires, force est de constater que les périodes de confinement ont constituer une période souvent propice à un changement de rythme. Ainsi, près d’une femme sur cinq (18%) déclarent s’enlever les poils des aisselles, du maillot ou des jambes « moins souvent qu’avant le premier confinement », sachant que ce taux monte à 34% chez les jeunes de moins de 25 ans et à 31% chez les femmes en télétravail, signe que les pratiques dépilatoires tiennent beaucoup à leur degré de sociabilité et au regard d’autrui dans la gestion de son apparence corporelle.
Un arrêt de dépilation qui pourrait concerner encore plus de femmes
Au-delà de leurs pratiques et fréquence d’épilation actuelles, les femmes expriment un rejet plus large de cette « pression à la dépilation » qui se traduit, pour nombre d’entre elles, pour la possibilité d’arrêter cette chasse au poil éperdue. Ainsi, plus d’une Française sur deux déclarent qu’elles pourraient cesser un jour de s’enlever les poils du maillot (56%) et des jambes (58%). Cependant, cet arrêt ne serait complet que pour une minorité d’entre elles : seules 19% des femmes s’épilant actuellement le maillot pourraient arrêté de le faire, y compris durant les saisons (printemps, été) où ils sont généralement plus visibles.
Des stéréotypes de genre moins pesants mais qui associent encore profondément le glabre à la féminité
Le lien entre dépilation et séduction féminine reste fort mais il n’est plus autant un objet de consensus
L’analyse approfondie des normes culturelles relatives à la pilosité tend à montrer qu’un corps lisse et soyeux reste encore pour beaucoup un aspect fondamental de la féminité. Ainsi, l’idée selon laquelle l’absence de pilosité est un critère de séduction féminine est toujours beaucoup plus ancrée (à 73% dans la gent féminine) que l’idée selon laquelle l’épilation serait un critère de séduction masculine (à 33% aux yeux des hommes). Il est cependant important de signaler que l’adhésion à ce stéréotype fait beaucoup moins consensus que dans le passé : – 17 points par rapport à ce que l’on pouvait observer en 2013, signe sans doute de l’impact des discours et mouvements prônant une plus grande acceptation de la pilosité féminine.
Quelle épilation intime pour les femmes ?La présence de poils féminins n’est un frein au désir sexuel que pour une minorité d’hommes
L’enquête brise également certaines idées reçues liant par exemple le désir masculin à l’absence de pilosité féminine. Contrairement à certains clichés, le maintien d’une pilosité chez une femme ne constitue pas un frein au désir sexuel masculin : la grande majorité des hommes attirés par les femmes déclarant qu’ils pourraient faire l’amour avec une femme non épilée au niveau des aisselles (66%) ou des jambes (61%) mais aussi à l’état brut au niveau pubien (70%).
Voir l’étude complète ici
Une pression à l’invisibilité pileuse qui pèse toujours beaucoup plus sur les corps féminins
Le risque de “pénalités sociales” lié à l’affichage de sa pilosité n’en reste pas moins toujours beaucoup plus grand pour les femmes que pour les hommes si l’on en juge par les résultats qui montrent que le malaise suscité par la vue de poils sous les aisselles est quatre fois plus important pour des aisselles féminins (57%) que masculins (15%). De même, des jambes poilues chez une femme « dérangent » plus (57%) qu’un dos poilu chez un homme (36%).
L’enquête a été menée du 18 au 21 décembre 2020 et du 19 au 20 janvier 2021 auprès d’un échantillon de 2 027 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
Quelle épilation intime pour les hommes ?A propos de Charle.co
Charles.co est une plateforme de santé dédiée aux hommes. Créée en Avril 2019 par Simon Burellier et Olivier Algoud, la plateforme Charles.co intègre information, téléconsultation avec un spécialiste et livraison à domicile de traitements depuis des pharmacies pour aider les hommes à résoudre leurs problèmes de santé sexuelle en toute confidentialité et sécurité.