Film de 1997 que je n’avais pas vu jusqu’à présent, Marius et Jeannette avait rencontré un important succès à sa sortie, aussi bien parmi le public que chez les critiques.
Au vu du titre et connaissant l’engagement socio-politique de Robert Guédiguian, je m’attendais à un genre de « Roméo et Juliette » chez les ouvriers marseillais, et ce n’est pas tout à fait le cas car on est ici très loin de Shakespeare et qu’il n’y a ni Capulet ni Montaigu – par contre le monde ouvrier est très présent : Jeannette (Ariane Ascaride) est d’abord caissière de supermarché avant de devenir chômeuse parce qu’elle a critiqué ses conditions de travail lamentables avec une virulence qui n’était pas du goût de son chef. Marius (Gérard Meylan) est le gardien bourru et taciturne d’une vieille cimenterie désaffectée et promise à une prochaine démolition. Jeannette est dotée d’un tempérament explosif et combattif, Marius traine sa jambe handicapée dans la solitude du chantier avec un air accablé et résigné. Rapidement, ces deux quadragénaires blessés par la vie se rencontrent, se chamaillent et s’apprivoisent. Marius passe de plus en plus de temps chez Jeannette et rencontre ses deux enfants et ses deux couples de voisins pittoresques, extravertis et amicaux.
Mon Avis :
Le film aborde (ou se contente d’effleurer) des sujets multiples et variés : politique, lutte sociale, différences entre les riches et les pauvres, existence et nature de Dieu, religions, fabrication de l’aïoli, sexe et amour, éducation des enfants, désir ou non d’ascension sociale, monde du travail, l’absence de bonheur en URSS, pauvreté, chômage, communication dans le couple, pourquoi les pauvres votent pour le Front National, qu’est-ce qui doit faire partie du patrimoine mondial de l’Humanité, et beaucoup d’autres questions qui sont prétexte à de nombreux bavardages à bâtons rompus mais, précisément, ces bavardages m’ont un peu fatiguée et le scenario paraissait souvent en panne, la situation n’avançait pas, et les personnages n’évoluaient pas non plus et se contentaient de discuter et de rire.
Jeannette se retrouve au chômage mais il est à peine fait allusion une fois à sa recherche de travail et elle ne parle jamais de ce sujet, faisant comme si ce n’était pas du tout un problème et que ça ne changeait rien à son existence ou à ses préoccupations.
Bref, il m’a semblé que le scenario était assez décousu, un peu vide, pas très fouillé, avec des ellipses gênantes.
Certaines scènes sont belles et touchantes, mais il manque à mon avis une histoire forte et solide pour souder les éléments entre eux.
Nous nous doutons pendant une grande partie du film que Marius cache un passé particulièrement douloureux, voire un drame, que son silence têtu rend palpable, et de ce point de vue la fin du film est réussie et répond à nos attentes de spectateurs compatissants et curieux.
Les personnages secondaires des deux couples de voisins ne m’ont pas fascinée, même si leur jeu d’acteurs est tout à fait excellent, mais je ne suis pas convaincue par la nécessité de leurs rôles mi comiques mi réflexifs.
Un film correct, honnête, mais qui ne m’a pas enthousiasmée et que je crains d’oublier assez vite !