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Boudicca de Jean-Laurent Del Socorro

Par Rambalh @Rambalh
Je l’avoue, c’est la couverture de cette magnifique édition collector qui a attiré mon regard en premier. Couverture rigide, couleurs chatoyantes, lettres dorées… Puis le résumé offert sur le bandeau promo du livre a su me convaincre.
Boudicca de Jean-Laurent Del Socorro

Quatrième de Couverture
Angleterre, an I. Après la Gaule, l’Empire romain entend se rendre maître de l’île de Bretagne. Pourtant la révolte gronde parmi les Celtes, avec à leur tête Boudicca, la chef du clan icène. Qui est cette reine qui va raser Londres et faire trembler l’empire des aigles jusqu’à Rome ? À la fois amante, mère et guerrière mais avant tout femme libre au destin tragique, Boudicca est la biographie historique et onirique de celle qui incarne aujourd’hui encore la révolte.
Mon avis
Boudicca, personnage historique plus connu chez nous sous le nom de Boadicée, naît à l’époque où le destin de la Grande-Bretagne s’apprête à basculer face à l’Empire Romain. Enfant, elle voit les Romains envahir peu à peu sa grande île celte. Reine des Icènes, elle exècre ensuite voir les clans voisins mais aussi le sien courber l’échine face à l’envahisseur. À la mort de son mari, elle est fouettée et humiliée pour avoir osé faire valoir les droits de son clan, ses filles sont plus meurtries encore. La goutte de trop. Guerrière dans l’âme, Boudicca lève une armée et brûle chaque symbole romain présent sur sa route jusqu’à ce qu’elle soit défaite. De sa naissance à sa mort, Boudicca est la fière illustration d’une reine guerrière fidèle à ses valeurs.
J’ai plongé tête la première dans l’histoire de Boudicca sans connaître le moindre fait de sa vie. Jean-Laurent Del Socorro nous offre sa biographie légèrement romancée, agrémentée d’une touche de mysticisme en lui donnant une voix.
De sa naissance à sa mort, Boudicca avance dans la vie en affrontant les épreuves faisant d’elle une figure forte, façonnant la Reine guerrière qui impose le respect mais surtout fait naître une admiration sans limite autour d’elle. Dans le monde celte, femmes et hommes sont égaux, rois et reines ont les mêmes devoirs ainsi que les mêmes droits. Chez les Romains, les femmes sont absentes des lieux de décision : Boudicca n’en voit aucune sur le champ de bataille ou dans les tentes des généraux. Elle comprend que son rôle de reine n’a aucune valeur à leurs yeux. En la sous-estimant parce que femme, les Romains pensent pouvoir la soumettre : mais plutôt que de la faire plier, ils réussissent à embraser la Reine des Icènes.
Au fil des pages, on suit la rage croissante qui se niche en Boudicca, cette frustration dévorante et violente qui l’habite depuis toujours et se nourrit de chacune de ses chutes, de ses déconvenues. Depuis les choix de son père jusqu’à l’accord signé par son mari avec les Romains, Boudicca frémit, elle bout. Chaque fibre de son être est l’écho de sa haine envers la situation : contrairement à eux, elle n’aurait pas choisi la voie de la raison. C’est son cœur de guerrière qui la pousse à se battre aux côtés des rebelles et c’est en acceptant la défaite qu’elle revient vers sa famille lorsque l’envahisseur gagne.
Lorsque les règles ne sont pas respectées, c’est une soif de justice mais surtout de vengeance qui permet à Boudicca de soulever des montagnes, de rassembler les peuples et de faire frémir Rome en montrant la puissance des Celtes mais, surtout, en étant un symbole capable de rassembler et d’inspirer.
Jean-Laurent Del Socorro a su remplir les vides laissés par l’histoire de sa plume et rendre un hommage intime et distant à la fois à Boudicca. Il dresse un portrait palpable de cette héroïne qui est encore aujourd’hui tout un symbole pour les Britanniques. La Reine des Icènes incarne le courage et la révolte, elle personnifie la résistance celte face à l’arrivée des Romains. Elle est aussi cette héroïne qui rappelle que les femmes ont été placées en bas de l’échelle sociale pour être écartées du pouvoir dans certaines cultures alors qu’elles y avaient droit dans d’autres et où elles étaient une menace pour les envahisseurs. Avec efficacité et justesse, l’auteur nous permet de découvrir une grande figure de l’histoire et on ne peut s’empêcher de s’inspirer de Boudicca pour s’élever encore aujourd’hui face à tout ce qui peut nous révolter. L’histoire n’est-elle qu’un éternel recommencement ?
« Alors que la rencontre avance vers son issue inévitable, j’observe, inquiète, l’absence de femmes dans les rangs des Romains. En nous soumettant à l’empereur Claudicus, les rois renoncent à leur autonomie mais gardent leurs privilèges. J’ai le sentiment que les reines perdront davantage si elles ne font rien pour défendre leur place dans ce monde que l’aigle veut façonner à son image. »
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