A peine avais-je commencé à m'y faire que déjà, je devais rendre mon tablier et m'en remettre à la nonchalance de l'été. C'était fini. C'était fini le travail harassant
et les sueurs nocturnes à perdre mes pas entre mille camions. C'était fini le skate sur "transpalette" et le plaisir renouvelé de goûter l'eau pour contenter la soif de
mon corps. C'était fini aussi, les discussions de cul avec mes collègues d'infortune et les "spéculations sexuelles" sur l'unique individu femelle du groupe, probable ex-lanceuse de
poid à la retraite d'un ancien "satellite" russe...
Je crois que je m'étais, comment dit-on déjà..., ah oui. Je crois que je m'étais intégré. Je m'étais approprié une technique de travail, j'avais appris leur
dialecte, assimilé leurs rîtes. J'avais même réussi, pour la première fois de ma courte vie à placer pas moins de sept allusions sexuelles dans une seule phrase et à pousser
l'intégration jusqu'à participer de la formulation d'une blague, dont je jugeais bientôt qu'elle fut presque homophobe.
J'étais intégré, mais voilà que je devais presque tout réapprendre, le visage désintégré face à cette réduction numérique et médiatique du monde qu'est l'internet. Une petite semaine
d'absence et voilà que la blogosphère pète un câble sans moi, que le planisphère de l'info s'affole et que Jack, notre bon vieux médiatico-festif Jack Lang, motivée par quelques "chaleurs
présidentielles", par quelques "phéromones sarkoziennes", s'attelle à démanteler les derniers rebuts de
"socialisme" qui restent à notre terre de France monarchisée.
Tout ça doit être la chaleur... C'est même certains, sinon comment pourrions nous expliquer que Jack, même après une telle inaction d'intérêt collectif de sa part, se livre à la belle
parole que voici: "socialiste je suis, socialiste je resterai..." . Ah... La chaleur je vous dis!
Sur la blogosphère, ce sont les mêmes symptômes ménopausiques qui gagnent les index fébriles des blogueurs estivaux. Y'en a qui sentent déjà le truc, qui flairent la grosse
canicule et qui s'inquiètent légitimement pour leur people d'âge mûre préféré en posant la bonne question, histoire de
pas s'inquiéter pour rien. Y'en a d'autre encore qui, frappés d'une insolation à en faire pâlir une écrevisse, font passer un lien, une redirection qui au delà de s'avérer particulièrement inutile, trahit habilement le fond scatophilique d'une personnalité dépravée - j'vous jure c'est pas de moi dont il s'agit
là..., et merde-. Et puis y'en a enfin qui sombrent, tout discernement anéanti par l'astre déique, dans les affres de l'adoration footballistique jusqu'à s'abandonner à la folie dans
l'établissement d'un improbable classement...
La chaleur! La chaleur je vous dis!