Chroniques de l’ordinaire bordelais. Episode 372

Publié le 31 janvier 2021 par Antropologia

Fatigue oculaire

Mes yeux vieillissent. Mon nouveau travail n’arrange rien : plus de 8 heures par jour devant l’ordinateur, l’analyse et la correction de données épuisent ma vision.

Suite aux mesures gouvernementales, mon univers visuel s’est rétréci : de la chambre à la cuisine, en passant par le salon, mes journées en télétravail passent et se ressemblent. Mes yeux rêvent de grands espaces, de rues, de visages amis, de salle de cours, de décors variés.

Ironie, la presbytie m’empêche de voir de près, ma vision de loin devenue inutile va très bien.

Mes activités extra-professionnelles sont interdites, mes rares sorties restent régulières. Tous les jeudis soirs (rituel de bobo citadin), je vais chercher à pied mon panier de denrées alimentaires produites en Gironde ou dans les départements voisins commandé au préalable sur internet.

Je sors donc vers 18h. La nuit s’est installée mais le cours est éclairé (nous sommes presque en centre-ville). Au loin, droit devant, j’aperçois une lumière blanche vive qui clignote. Je suis intriguée par son intensité.  La couleur m’indique que ce n’est ni un gyrophare de flics, ni de pompiers. Etrange, la lumière se rapproche à un rythme soutenu, côté trottoir et non pas côté route. Elle m’éblouit de plus en plus. Je plisse les yeux. Je distingue alors un jogger, un phare agressif vissé sur la poitrine. Il est à une dizaine de mètres. Plus il se rapproche, moins je vois ce qui m’entoure. Le halo m’éblouit, je ne vois plus rien…

Ce coureur en plein phare n’a, semble-t-il, pas eu l’idée de passer en feux de croisement, il ne doit pas avoir les codes.

La question qui me taraude depuis : les feux de route sont-ils autorisés sur les trottoirs ?

Louise Tristan