mādṛśaiḥ kiṃ na carvyeta bhavadbhaktimahauṣadhiḥ |
tādṛśī bhagavanyasyā mokṣākhyo'nantarorasaḥ || 22 ||"Bienheureux !Qu'est-ce qui pourrait bien empêcher les gens de mon espècede déguster longuementle remède suprême- ton amour -dont le fruit immédiatest appelé "délivrance" ?"Utpala Déva, Hymnes à Shiva, I, 22"Les gens de mon espèce" sont ceux qui connaissent l'être de l'amour, ce remède qui surpasse tous les autres, le seul à pouvoir me procurer ce que je désire. Qu'est-ce qui m'empêcherait de le déguster longuement, de m'y plonger, de le contempler avec zèle ? Le fruit qui résulte immédiatement, sans aucun délai, de cette dégustation, de cette réalisation, est la liberté en cette vie même, la félicité de se délecter de ton nectar, de l'ambroisie que tu es.Ainsi, l'amour est à la fois le moyen et le résultat, la sève et le fruit. Il n'y a pas de délai entre l'amour et le fruit de l'amour. Ce fruit est la liberté en cette vie même. Non pas une délivrance transcendante, au-delà du corps, au-delà de la vie, après la mort, mais une liberté en la vie même, en cette vie, en cette vie commune, ordinaire, profane. Le mercure d'amour ne donne la mort que pour offrir la vie véritable. La Pierre Philosophale transmute sans tarder le plomb qu'elle affecte. Son efficience est sans égal. Elle est l'unique solution à tous les problème, la guérison sans guère de trouble, hors les tourments de l'amour, douces amertumes qui nous emportent vite en la mer du nectar de la félicité faite chair : te savourer.